Accueil Le Grand Entretien Sandrine KASEKA chez POURELLE.INFO : La présidente de la Fondation SK évoque la vie difficile des filles de la rue 

Sandrine KASEKA chez POURELLE.INFO : La présidente de la Fondation SK évoque la vie difficile des filles de la rue 

Les enfants sont les principales victimes des croyances liées à l’existence de la sorcellerie, croyances largement répandues en Afrique. À Kinshasa, près de 10 000 jeunes filles sont accusées de sorcellerie et se retrouvent parfois dans la rue et dans des orphelinats. C’est dans cette optique que Sandrine KASEKA NKOLA a fondé “SK Fondation”, pour aider les orphelins, les filles mères, les veuves et les personnes en situation sociale défavorisée.

« Les conditions sont pénibles pour les jeunes filles dans la rue », révèle-t-elle dans un entretien accordé à la Rédaction de POURELLE.INFO.

Durant cet échange, elle est revenue sur les défis rencontrés, les programmes d’accompagnement mis en place et le rôle du gouvernement dans la prise en charge des jeunes filles en situation difficile.

POURELLE.INFO : Pouvez-vous nous présenter brièvement la Fondation SK ?

Sandrine KASEKA : Merci pour la question, je suis Sandrine KASEKA, présidente de la “Fondation SK” qui est une structure humanitaire  qui encadre les orphelins et autres personnes vulnérables. Cela fait deux ans que nous œuvrons dans ce secteur, nous le faisons de bon cœur sans arrières pensées. Notre mission est de leur offrir l’opportunité de retrouver leur place dans la société, en les inscrivant à l’école ou, pour ceux qui ont grandi, en leur enseignant un métier.

POURELLE.INFO : Vous encadrez les jeunes filles, pouvez-vous nous décrire les conditions de vie des filles sans abris ou filles de la rue à Kinshasa ?

Sandrine KASEKA : Il faut dire que les conditions sont pénibles, la vie est très différente pour une jeune fille dans la rue et un jeune garçon. La fille a beaucoup de difficultés  et quand les conditions ne sont pas réunies dans la plupart des cas elles manquent des choses liées à la féminité. Il faut dire que ce sont des petites filles qui arrivent à l’orphelinat souvent à l’âge de 6 mois, 2 ans mais elles grandissent avec le temps et atteignent l’âge de puberté disons 12 ans ou l’âge adulte,. Et en ce moment là elles vont avoir leur cycle menstruel, si elles n’arrivent pas à avoir des serviettes hygiéniques, ça constitue déjà un grand problème.

POURELLE.INFO : Quelles sont les principales raisons qui poussent ces filles à se retrouver dans la rue ?

Sandrine KASEKA : Les raisons qui poussent les filles à vivre dans la rue sont multiples et complexes. La pauvreté, tant au niveau de la société que des familles, en est la cause principale. Mais aussi la fragmentation des familles, notamment les familles recomposées. Certaines filles fuient des accusations de sorcellerie portées par des églises, tandis que d’autres échappent à la maltraitance infligée par leurs beaux-parents. Face à ces souffrances, elles se retrouvent par milliers dans les rues de Kinshasa, donc, c’est vraiment un problème de société.

POURELLE.INFO : En tant que fondation, qu’est ce vous faites pour remédier à cette situation ?

Sandrine KASEKA : Logiquement c’est au gouvernement à travers le ministère du genre de s’occuper de ces genres des cas, ou encore le ministère des affaires sociales. Entant que Fondation, avec nos maigres moyens, nous avons pris cet engagement de les encadrer c’est-à-dire au sein de leurs orphelinats leur assister en s’assurant qu’elles partent à l’école. Vous savez aujourd’hui nous parlons de jeunes filles dans la rue au niveau de la capitale , mais dans les milieux ruraux les jeunes filles ne partent pas aussi à l’école, et ça, c’est encore un problème de société. D’où cet adage qui dit “éduquer une femme c’est éduquer toute une nation” doit être réexpliqué car, ce n’est pas parce que la femme porte l’enfant que c’est automatiquement son éducation qu’elle transmet…

À notre niveau, nous nous assurons que cette fille qui pouvait être dans la rue continue avec les études, il y a des branches qui sont très adaptées avec les filles par exemple les orienter dans des métiers professionnels, genre la coupe et couture ou tout ce qui est lié au travaux manuels. Il audrait signaler que quand quelqu’un a raté une base c’est difficile et aussi nous essayons de voir pour celles qui ont raté de faire la maternelle , nous les ramenons dans l’alphabétisation c’est un peu dans ce sens-là que nous travaillons pour les encadrer.

POURELLE.INFO : Selon vous, quelles mesures  urgentes le gouvernement central devrait-il prendre pour améliorer la situation des filles de la rue comme on les appelle ?

Sandrine KASEKA : Le gouvernement devra mettre en place des centres sociaux pour récupérer les jeunes filles qui se retrouvent dans la rue et reprendre à les rééduquer. C’est vraiment ce qu’on appelle le social, le gouvernement fait l’effort de récupérer ces enfants et les affecter dans des familles d’accueil et en même temps il fait le suivi en mettant en place de programme comme la gratuité de l’enseignement. Au finish ces filles vont recevoir de l’amour, parce que dans la plupart des cas ces jeunes filles manquent de l’amour dans des familles où le parent se remarient, où les enfants sont traités de sorciers, ceci occasion leur fugue et ils se retrouvent dans la rue.

POURELLE.INFO : Est-ce que le gouvernement vous accompagne dans ce que vous faites ?

Sandrine KASEKA : Le gouvernement reste toujours ouvert, nous en tant que fondation nous sommes reconnues par le gouvernement, nous avons des structures avec lesquels nous collaborons pour voir comment rester dans les normes parce qu’il faut suivre les normes.

POURELLE.INFO : Quelles solutions ces filles qui sont dans la rue proposent de fois pour améliorer leur situation ?

Sandrine KASEKA : Elles ne proposent pas des idées parce qu’elles sont démunies, elles expriment leurs besoins, achetez nous ça, amenez nous ça, ce que nous faisons justement, en sélectionnant des centres où elles se trouvent à travers le pays pour les aider. Nous l’avons fait à Goma, Kinshasa et au Kongo-Central. 

POURELLE.INFO : Si vous deviez adresser un message aux décideurs politiques, que serait-il ?

Sandrine KASEKA : Nous demandons seulement au gouvernement de construire des centres pour la réintégration de ces filles dans la société, confier ces filles à des familles d’accueil parce que demain elles peuvent être utiles pour la société.

Propos recueillis par Christian MUKAYA

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