Chaque 28 février, la Journée Mondiale des Maladies Rares met en lumière des pathologies souvent négligées. Parmi elles figure la lèpre, une maladie tropicale qui continue d’affecter de nombreuses personnes à travers le monde, notamment en République Démocratique du Congo.
À l’occasion de cette journée, Pourelle.info, premier média dédié aux femmes en RDC, s’est entretenu avec Sandra DONGO, survivante de la lèpre et coordinatrice nationale de l’ONG des Personnes Affectées par la Lèpre au Congo (OPALCO). Elle partage son témoignage, ainsi que des informations essentielles sur la maladie et sa prévention.
POURELLE.INFO : Sandra NDONGO, qu’est-ce que la lèpre en quelques mots ?
Sandra DONGO : La lèpre est une maladie infectieuse qui peut entraîner de graves complications si elle n’est pas prise en charge à temps. Elle fait partie des maladies tropicales négligées et, bien qu’elle soit faiblement contagieuse, elle reste une maladie dangereuse qui peut causer des incapacités physiques.

POURELLE.INFO : En RDC, quelles sont les personnes les plus vulnérables à cette maladie ?
Sandra DONGO : Les femmes et les enfants sont parmi les plus touchés. Malheureusement, en plus des souffrances physiques, les personnes atteintes de la lèpre subissent une forte stigmatisation dans notre société, ce qui rend leur quotidien encore plus difficile.
POURELLE.INFO : Quelles sont les mesures de prévention à adopter ?
Sandra DONGO : Actuellement, la meilleure prévention est le dépistage précoce. Il est essentiel de consulter régulièrement un professionnel de santé et d’être attentif aux petits boutons ou taches suspectes sur la peau. Une bonne hygiène joue aussi un rôle important dans la prévention. À ce jour, il n’existe ni vaccin ni autre mesure préventive spécifique contre la lèpre.
POURELLE.INFO : Comment se transmet la lèpre ?

Sandra DONGO : La transmission se fait d’homme à homme. Une personne atteinte peut infecter une autre, notamment par les sécrétions nasales (éternuements, toux) lorsqu’elle n’a pas encore été traitée.
POURELLE.INFO : En tant qu’ONG, quelle est votre mission ?
Sandra DONGO : Notre mission est de lutter contre la lèpre, mais aussi contre la stigmatisation et la discrimination dont souffrent les personnes atteintes. Nous menons des actions de sensibilisation, de prise en charge et de défense des droits des malades, qui sont malheureusement souvent méconnus en RDC.
POURELLE.INFO : Quel message souhaitez-vous adresser aux femmes à l’occasion de cette journée ?
Sandra DONGO : Mon message aux femmes est simple : vous n’êtes pas seules. L’OPALCO est là pour vous accompagner et vous soutenir. Ayant moi-même été atteinte et guérie, je sais combien cette maladie peut bouleverser une vie. Mais la bonne nouvelle, c’est que la lèpre se soigne. Il faut briser les tabous, se faire dépister tôt et ne jamais perdre espoir.
POURELLE.INFO : Quel est le taux de guérison des femmes atteintes de la lèpre en RDC ?

Sandra DONGO : De nombreuses femmes ont été guéries en RDC, et je suis la preuve vivante que l’on peut s’en sortir et retrouver une vie normale.
POURELLE.INFO : Quel message souhaitez-vous adresser aux autorités congolaises ?
Sandra DONGO : Il est urgent que le gouvernement prenne ses responsabilités face à cette maladie. Aujourd’hui, ce sont principalement les ONG étrangères qui nous apportent leur soutien, alors que la prise en charge des maladies tropicales est largement négligée en RDC. Le ministère de la Santé doit aller au-delà de la simple fourniture de médicaments : il faut une prise en charge complète, incluant le traitement des plaies et des complications.
Propos recueillis par Germaine BAKAMBANA