Victime de violences conjugales: Bethel Katshabala se confie à Pourelle.info

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Bethel Katshabala Bamba a vécu dans un mariage où elle était torturée par son mari.
Leur relation a duré huit ans et elle a subi des violences toutes ces années. Insultes, coups et viols, elle en sait quelque chose. Cette mère de 3 enfants a accepté de raconter son calvaire, en marge de 16 jours d’activismes contre les violences faites aux femmes.

« J’ai été tabassée comme un enfant et cela représente pour moi une expérience douloureuse, c’est comme un fardeau que je décide de déposer aujourd’hui pour sauver des vies.
La lune, puis la descente aux enfers
Au départ, tout commence plutôt bien. On peut dire que c’était le début d’un mariage heureux. On s’attendait bien puis tout a coup tout a changé » raconte Bethel Katshabala.

Elle précise par la suite que « la violence a commencé d’abord verbalement dans nos conversations, ensuite c’était financière parce que cela se manifestait par des privations, et enfin c’était devenue physique. Il m’humiliait. Je pleurais, mais rien à faire. Il me frappait. C’était souvent dans la chambre que cela s’est passé par des coups de fouet, strangulation. Il me battait comme son enfant et j’étais censé le dire à personne. Après quelque temps, il a commencé à me battre devant les enfants et puis en public surtout dans la rue ».

Cette femme de 42 ans est encore sous le choc, plusieurs mois après leur séparation.
Bethel Katshabala raconte également avoir été victime de viols.  » Il me prenait par force et faisait ce qu’il voulait de moi. Je ne savais même pas que le viol entre conjoint pouvait exister et je l’ai compris après. Aujourd’hui, je le sais, je n’étais pas consentante  » s’exclame-t-elle.

Cette expérience pénible, perturbe beaucoup de choses à différent niveau d’abord au niveau sentimental. « voir une personne qu’on a aimé avec qui on s’est engagé pour la vie et du coup, on se rend compte qu’on s’est trompé sur certains aspects de son caractère et on doit vite rectifier le tir pour changer d’avis, s’éloigner pour se protéger, ce n’est pas facile » a-t-elle laissé entendre.

Des conséquences qui colle à la peau.
Bethel Katshabala indique que les violences conjugales ont des conséquences néfastes telles que la perturbation psychologique.
 » Les conséquences ne quittent pas facilement mon esprit. La violence refroidie l’amour, éloigne, perturbe surtout du point de vue psychique, on se sent humilié et encore devant les enfants aussi on est perturbé et on perd l’estime de soi » dit-t-elle.

Bethel Katshabala note avec regret les regards des autres envers les femmes victimes. « Quand une victime raconte son calvaire à un proche, ce dernier la regarde avec dédains et pense qu’elle exagère vue qu’en Afrique c’est considéré « normal » qu’un homme puisse battre sa femme. Beaucoup de personnes proches m’ont dit de supporter pour mes enfants et qu’un jour il va changer, il faut voir l’intérêt des enfants, alors que ma vie était vraiment en danger » raconte Bethel Katshabala.

Pour avoir décidé de partir, elle a réussi à se sauver.
Après autant de coups, blessures et surtout d’humiliation, elle a eu le courage de se lever et partir. « Je ne pouvais plus supporter la torture, parce que rien vaut plus que la vie , j’ai rencontré des gens qui m’ont aidé à me rélevé physiquement. J’ai accepté d’en parler dans les médias pour aider d’autres victimes à prendre le courage de fuir avant que le pire n’arrive et non pour ternir l’image du père de mes enfants. Et beaucoup plus pour condamner les actes de violences et les dénoncer fermement surtout que parmi ces actes de violences, il y a aussi des menaces de mort. Lorsqu’on subit des violences conjugales, on est brisé de l’intérieur, on ne parle pas des douleurs vécues avec plaisir, ça nous brise » poursuit -elle.

Après ce cœur ouvert, Bethel Katshabala invite les femmes qui vivent des violences conjugales à dénoncer puisque rien ne vaut plus que la vie. « Je ne sais pas s’il y a une raison valable qui fait en sorte qu’une femme accepte de rester dans une situation pareille. Aucune faveur matérielle ne vaut votre vie. C’est le moment de se sauver chère soeur » lance-t-elle.
Elle appelle en outre les autorités ecclésiastiques à agir directement au lieu de prodiguer simplement des conseils. « Lorsqu’une femme victime des violence vient vers vous en disant qu’elle serait en danger, je crois que la priorité c’est de la mettre à l’abri au lieu d’attendre qu’elle décède et venir organisé ses obsèques, non la priorité c’est sécuriser la vie de la personne« , dit Bethel Katshabala aux prêtres, pasteurs et bergers.

Même message qu’elle adresse aux entourages des victimes et aux autorités. Elle regrette qu’ il n’y ai pas de suivi pour les victimes. « Dans la plupart des cas, la police ne prend pas au sérieux les plaintes déposées par les femmes victimes. Aujourd’hui je vois le numéro vert le 122 affiché partout pour aider les victimes. J’espère seulement qu’ils prennent chaque cas au sérieux pour sauver réellement les victimes » a martelé cette femme qui a eut le courage de dire tout haut ce qu’elle a vécu en coulisse.

Cette brave femme loue Dieu pour l’avoir protégé durant cette épreuve et de l’avoir fait sortir de cette situation saine et sauve.
Le choc laisse place à la détermination. « Je pense qu’au fur et à mesure que le temps va passer, j’arriverai à aller de l’avant. Je prends mon temps » conclut-elle.

Christian Mukaya

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