Phénomène filles mères en RDC: “ L’état de vulnérabilité de ces filles nécessite une prise en charge” dixit Ketsia Kimpioka

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Le phénomène fille mère prend de plus en plus de l’ampleur en RDC. Cela n’est pas sans conséquences dans la société. Cette problématique a été évoquée lors d’une interview exclusive, nous accordée  par Ketsia KIMPIOKA, présidente de l’ONGD «Jeunesse Acteur du Développement Durable», JADD en sigle.

Pour cette actrice sociale, ce phénomène est dû à beaucoup de causes:

“En 2019, 48% de la population féminine Congolaise de 15 à 19 ans était soit enceinte, soit déjà mère . Ces grossesses non désirées pour la plupart des cas, étaient dues à diverses causes à l’instar des rapports sexuels non protégés, des mariages précoces, de l’exploitation et abus sexuels, du manque d’information sur la sexualité, de la reproduction ainsi que de l’accès limité aux services de planning familial et à la contraception moderne . La crise humanitaire et les diverses catastrophes naturelles de cette décennie ont été des facteurs amplificateurs des violences et exploitations sexuelles, ayant abouti à des grossesses non désirées de plusieurs filles.  Certaines de ces grossesses vont jusqu’à leur terme, d’autres non. Dans tous les deux cas, cette étape demeure perturbante dans la vie de cet « enfant » qui conçoit son avenir en tant que parent avant d’avoir atteint l’âge adulte” , explique-t-elle.

Selon Ketsia KIMPIOKA, ces jeunes filles se trouvent dans un état de vulnérabilité et ont besoin d’une prise en charge psychosociale adéquate pour pouvoir bien traverser cette étape.

Fort malheureusement, ces filles font face au rejet de leurs familles et de la communauté, surtout celles qui ont été, par le passé, membres de groupes armés.

Ce rejet entraîne un isolement et ces dernières qui étaient des « enfants » sont désormais comptées parmi les personnes vulnérables. Leur parcours est considéré comme un handicap et elles sont parfois contraintes à se résilier à être des observatrices et non des actrices dans leur propre vie.

Malgré la mise sur pied des lois de protection du droit des jeunes filles mères à retourner en classe, les politiques éducatives pour veiller sur l’application de ces lois demeurent encore un défi à ce jour”, a dit Ketsia KIMPIOKA , présidente de la JADD.

Pour elle, ces filles devenues parents avant d’être adultes, n’ont souvent pu bénéficier, ni des services psychosociaux, ni du soutien leur permettant de reprendre leur scolarité, d’où l’importance de les accompagner à travers un programme d’autonomisation dénommé « 150 actrices de Développement ».

« Nous adhérons à la pensée de la chercheuse auprès de la division des droits des enfants de Human Rights Watch, Elin Martinez qui affirme que « L’éducation est vitale pour tous les enfants, surtout pour les filles dont l’enfance et la scolarité ont été interrompues par la grossesse. Raison pour laquelle, cette catégorie de personnes a été prise en compte lors de la formation des 150 « actrices de développement  » dans le programme d’autonomisation chapoté par l’ONG JADD. 

Au-delà de la prise en charge des besoins nutritionnels et sanitaires des filles et leurs enfants, une redynamisation est nécessaire. Ces filles qui pour plusieurs ont été atteintes dans leur estime de soi, ont besoin de retrouver leur valeur et leur place en tant qu’actrices de développement ”, poursuit -t-elle.

La bouche autorisée de l’ONG JADD qui milite pour le développement de la jeunesse, s’investit dans la réinsertion de cette catégorie de la couche sociale : “en attendant la mise en application des lois de protection des filles mères, nous nous investissons dans la réinsertion de ces filles. Car, nous croyons qu’elles sont capables de réaliser des choses extraordinaires et sont utiles pour cette nation. Nous ne pouvons ignorer l’existence de la stigmatisation issue du traumatisme de la grossesse chez ces filles, surtout celles victimes des viols et/ou crimes de guerre”, a-t-elle dit.

Notons que  dans sa quête d’amélioration de la situation socioéconomique de ces filles, Ketsia KIMPIOKA, présidente de la JAAD, travaille dans la valorisation de ces filles en tant que personnes aptes à produire des biens et des services utiles pour le développement de la RDC. 

L’artiste Colin Serreau a un jour déclaré que: »Le travail des femmes n’est pas un cadeau pour les femmes, c’est un cadeau pour la société. ». Ketsia KIMPIOKA espère par ailleurs, que la société congolaise intégrera rapidement que booster les filles mères  profite à tous.

Christian Mukaya

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