“Comment gagner la vie dans le métier d’écrivain?” Cette question abordée avec l’écrivaine Laetitia LAKUBU ABBY, intéresse beaucoup de kinois et kinoises qui aspirent à faire de la littérature dans un pays où la situation socio-économique demeure fragile.
Avec clarté et éloquence, l’auteure du livre “Miroir aux Alouettes” a d’abord établi une différence entre un travail et un métier, avant de chuter sur ce qu’elle gagne comme gain du métier d’écrivain.
POURELLE.INFO : Comment faites-vous pour vivre de votre métier d’écrivain, au moment où nous sommes dans un pays où la population n’a pas l’habitude de lire ou mieux de consommer les œuvres littéraires ?
Laetitia LAKUBU : Je ne peux pas affirmer vivre de cette activité. Ceci est une occasion pour moi de faire la distinction entre un travail et un métier : un travail, c’est une activité rémunérée qui nous permet de gagner de l’argent tandis qu’un métier, c’est un savoir-faire que l’on met au service, si on le désire, des autres dans un but lucratif. Pour moi, le métier d’écrivain n’a pas encore atteint le niveau qui me permettrait d’en vivre ; mais dans ma vie, j’exerce un autre travail qui me permet de soutenir mes ambitions d’écrivaine et de nourrir ma passion qui est l’écriture et la littérature : Les belles Lettres. Cela dit, l’habitude ou non de lire n’est pas, je le pense, le fait du pays, mais de l’éducation que nous avons reçu ou que nous donnons à notre jeunesse, à notre progéniture. En ce qui concerne l’activité littéraire, il suffit d’ouvrir les yeux autours de nous et de fréquenter les cercles intellectuels, la lecture est une activité très prisée, mais elle ne bénéficie pas toujours de la publicité des médias, qui sont presque tous tournés vers le lucre immédiat.
POURELLE.INFO : Pouvez–vous citer quelques gains que vous avez tiré de ce métier ?
Laetitia LAKUBU : Cette activité m’apporte une forme d’accomplissement en continue, et me met en mode “Perfectionnement” sur le plan humain et sur le plan intellectuel. Les gains que je tire de ce métier sont multiples sur le plan intellectuel et sur le plan sociétal. C’est en quelque sorte de l’auto entreprenariat. Il n’existe pas d’étude obligatoire à faire pour être officiellement écrivain, cela apporte une grande liberté mais aussi de la responsabilité car l’écrivain a la capacité d’influencer à travers ses écrits, le développement de sa Nation. En choisissant d’écrire, l’écrivain devient un collaborateur très utile dans les affaires de la société à laquelle l’ouvrage littéraire est destiné. Le gain que j’en tire est avant tout cognitif et personnel, avant de devenir concret avec les ventes réussies, les ventes à succès et les grands tirages ; les collaborations avec les grandes maisons d’éditions dans le monde, ce qui est le rêve de tout écrivain(ne).
POURELLE.INFO : Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui pensent que le métier d’écrivain est un “passe – temps” ?
Laetitia LAKUBU : Le métier d’écrivain est loin d’être un passe-temps. Les écrivains jouent un rôle essentiel dans la société en transmettant des idées, des émotions et des connaissances à travers leurs œuvres. Leurs écrits peuvent inspirer, informer, divertir et même provoquer des changements sociaux. L’écriture est un art qui nécessite du talent, de la créativité et un profond engagement. Elle peut avoir un impact significatif sur les lecteurs et contribuer à enrichir la culture et la pensée humaine.
Dans le monde futur, la production intellectuelle humaine continuera certainement à avoir sa place. Malgré les progrès de l’intelligence artificielle et de la technologie, la créativité, cependant, l’émotion et la subjectivité humaines restent des aspects uniques qui ne peuvent être reproduits par des machines.
Les œuvres intellectuelles créées par les humains, telles que la littérature, l’art, la musique, la philosophie et d’autres formes d’expression culturelle, continueront à jouer un rôle essentiel dans l’enrichissement de la société et de la civilisation. Les idées et les perspectives uniques des individus contribuent à façonner le monde et à stimuler le progrès intellectuel et social.
Il sied de signaler que de nos jours il y a des femmes écrivaines qui font réfléchir avec le contenu de leurs ouvrages, elles peuvent également déclencher des sentiments de grand bonheur ou à l’inverse la plus profonde tristesse en nous, ce, grâce ou à cause de leurs “belles lettres”. Au niveau mondial, il y a l’Italienne Elena FERRANTE, la Britannique Agatha CHRISTIE, ainsi que la Britannique Barbara CARTLAND qui excellent dans ce domaine. Ici en République Démocratique du Congo, nous avons l’icône Élisabeth MWEYA TOL’ANDE, clémentine NZUJI et la jeune Esther NABINTU qui ont imposé leurs traces positives dans le métier d’écrivaine.
Ézéchiel NGAMANIA