Kinshasa : Au quartier Camp Luka, les conflits sur les Violences Sexuelles se réglent à l’amiable

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Les Violence Sexuelles, et celles basées sur le Genre ( VSBG ) sont répandues dans le monde entier. 

Les violences sexuelles sont devenues une arme utilisée dans toutes les guerres et en période de troubles et de conflits. Elles sont aussi perpétrées dans tous les pays du monde en temps de paix, souvent à huis clos.

Cependant, durant une longue période, ce type de violence est resté méconnu et considéré comme un problème marginal. Cela se confirme notamment au quartier 1, Lubudi Luka, dans la municipalité de Kintambo-Camp Luka, à Kinshasa où les reporters du média des femmes pourelle.info ont fait une descente.

En effet, dans ce quartier de la capitale de la RDC, les VSBG existent mais les conflits qui en découlent se règlent très souvent par des arrangements à l’amiable et en famille. 

C’est ce qui nous a été dit par quelques rares habitants qui ont accepté de répondre à nos questions.

L’un deux, Alexis L. ( Il n’a pas voulu dévoiler son nom en entièreté, ndlr ) promoteur d’une école a fait savoir que les cas de VSBG dans ce quartier sont légion mais peu de gens osent en parler :

‹‹ Les cas de Violences Sexuelles Basées sur le Genre sont nombreux ici, mais on en parle pas vraiment. Et très souvent les choses se règlent en famille. Y a beaucoup de cas mais comprenez si je vous dis tout on va s’en prendre à moi dans le quartier ››, a-t-il dit avec un sourire.

Une chose qu’ont confirmé Ruth Nunga et Muzungu Junior, la première habitante de ce quartier et le second en visite dans le quartier. Les deux Kinois qui définissent les VSBG comme l’ensemble des viols et violences physiques commises par les hommes sur les femmes, disent désapprouver ces actes et conseillent à ceux qui le font d’arrêter. Ruth Nunga, va plus loin en demandant aux femmes de se faire respecter, et de chercher à se prendre en charge afin d’être respectées par les hommes.

Cette impunité et ces arrangements à l’amiable autour des VSBG nous a poussé à consulter un juriste pour savoir ce qu’en dit la loi. Et selon, maître Trésor Mbuyi Kalala, juriste congolais, les VSBG sont prévues et punies par le code pénal congolais, et donc c’est une infraction pénale :

‹‹ Le règlement à l’amiable ou un accord ne peut pas mettre fin à une infraction pénale. Le seul maître de l’action pénale c’est le ministère public ou le magistrat. Même si deux familles se mettent d’accord pour régler ces litiges via des payements comme c’est souvent le cas, cela ne peut pas mettre fin à une infraction pénale, notamment les VSBG dont on parle ››, a-t-il précisé.

Maître Mbuyi Kalala renseigne aussi qu’une tierce personne peut se saisir de l’affaire et aller dénoncer à la justice, si elle le veut bien, car la loi l’autorise : ‹‹ On peut dénoncer auprès de l’autorité compétente, c’est-à-dire la police, le magistrat ou cette personne peut saisir le tribunal par “citation directe” au cas où elle a des liens ou des intérêts auprès de la victime ››, fait savoir le juriste.

Notez que certaines femmes et filles de ce quartier, interrogées hors micro, nous ont fait savoir qu’elles ne connaissent pas grand-chose de ce concept “VSBG”. Elles n’en ont jamais entendu parler.

Les crimes et les violations à caractère sexuel et basés sur le genre sont insuffisamment documentés et font rarement l’objet d’enquêtes et de poursuites dans certains coins de la RDC. La grande majorité des auteurs restent impunis et les victimes n’obtiennent pas réparation.

La situation au quartier Camp Luka et les éclaircissements du juriste Trésor Mbuyi Kalala peuvent aider à mettre un terme à cette impunité.

Dave Ngonde

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