Le jeudi 15 Juin 2023, il s’est tenu à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo une rencontre à l’occasion du 10e anniversaire de la célébration de la signature du communiqué conjoint entre les Nations-Unies et la République Démocratique du Congo. Cet événement a coïncidé avec la visite à Kinshasa de Pramila PATTEN, la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies chargée de la question des violences sexuelles en période de conflit.
Présente à cette activité qui concerne particulièrement son secteur, Chantal Yelu MULOP coordinatrice du Service Spécial du chef de l’Etat en Charge de la Jeunesse et Lutte Contre les Violences faites aux Femmes et Traite des Personnes, a dans son discours, fait un rappel historique en relevant qu’en mars 2013, après la chute du M23, alertée par l’ampleur des violences sexuelles dans la partie Est de la RDC, au travers d’un rapport de Human Rights Watch (HRW), et de l’utilisation continuelle de la violence sexuelle, comme arme de destruction massive des communautés et des femmes, Zainab BANGURA, Représentante Spéciale honoraire avait entamé la mise en œuvre des résolutions1820, 1888 et 1960 du conseil de sécurité. Des résolutions qui soulignaient la nécessité de mettre en place des mécanismes efficaces de protection contre les violences sexuelles en situation des conflits. C’est ainsi que les Nations Unies et le Gouvernement de la RDC signèrent le Communiqué Conjoint le 30 mars 2013 :
‹‹ Revisités 3 ans après, c’est-à-dire en 2016 pour mesurer les progrès accomplis, il a été clairement établi que plusieurs résultats n’avaient pas été atteints en dépit des initiatives prises et la forte volonté des autorités politiques, militaires et judiciaires. Quelques défis importants demeuraient encore, d’où la signature le 3 décembre 2019 de l’Addendum au communiqué conjoint. S’agissant de la mise en œuvre du communiqué conjoint, par notre bureau en tant que Cabinet du Président de la République, plusieurs actions ont été entreprises. Il s’agit notamment du lancement de la campagne tolérance zéro par le Chef de l’Etat, la mise en place du Fonds National de réparation avec l’appui de la distinguée Première Dame, le programme de masculinité positive du Chef de l’Etat, la formation des magistrats dans le traitement et la gestion des dossiers de violences sexuelles liées aux conflits, à la vulgarisation et au renforcement des capacités des acteurs judiciaires, et des autres acteurs impliquées dans la mise en œuvre du Communiqué Conjoint et son Addendum, dans les provinces touchées par les conflits armés ››, a-t-elle dit.
Chantal Yelu MULOP a souligné le fait que des milliers de femmes continuent encore à subir les violences sexuelles dans les zones occupées par les groupes armés, sans oublier que près de 3 millions d’enfants nés du viol ne connaitront jamais l’amour d’un père, la tendresse d’une mère et la joie de vivre ensemble car stigmatisés et rejetés par la communauté.
‹‹ Ce 14 Juin 2023 encore visitant le camp des déplacés de Bulengo, près de Goma, j’ai été frappée par la misère des familles, le dénuement des femmes et des hommes vivant dans des conditions déplorables, des femmes racontant leurs misères et leurs désarrois sans qu’aucune assistance digne de ce nom ne leur soit apportée ››, a-t-elle raconté avec un cœur meurtri.
Pour elle, la mise en œuvre du Communiqué Conjoint fait face à des défis énormes. Il s’agit notamment de la coordination des actions au niveau interministériel, cette faible implication a eu un impact et non des moindres à la réponse ; la non application des lois et la non prise en compte du plan d’application. Et pour pouvoir surmonter ces défis, il faut mutualiser les efforts.
‹‹ C’est donc dans ce sens que nous avons été conduite à mettre sur pieds , sous l’égide du Premier Ministre, la Task force. Cette structure aura pour mission de faciliter la coordination et la fluidité des réflexions et des informations ainsi que la concertation des actions enrichies à réaliser ensemble ››, a-t-elle dit.
Pour conclure, Chantal Yelu MULOP a souhaité que la célébration du 10ème anniversaire de la signature du Communiqué Conjoint soit pour chacune des composantes, l’occasion de renouveler les engagements pris, afin que la mutualisation de des efforts de toutes les parties puisse contribuer à barrer la route aux crimes de violences sexuelles liées aux conflits.
Daiana Mankonga