À Kinshasa, plusieurs femmes et jeunes filles travaillant dans les bars, terrasses, bistrots et boîtes de nuit sont exploitées sexuellement (enquête)

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Travailler dans un bar, une terrasse, une boîte  de nuit et autres lieux de divertissement est-il bénéfique pour les femmes ? Cette question vaut son pesant d’or car plusieurs femmes et jeunes filles travaillant à ces endroits à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, sont exploitées sexuellement.

C’est ce qui ressort d’une enquête menée par le média Pourelle.info, dans les dancings clubs de la commune de KALAMU.

Via cette descente sur terrain, il a été constaté que plusieurs filles sont exploitées ou harcelées sexuellement par des clients dans ces différents lieux de divertissement .

Selon les informations recueillies, ces filles sont recrutées par les tenanciers des bars, boîtes de nuit et autres, non seulement pour servir la boisson ou autre chose à manger aux clients  mais aussi pour attirer la clientèle par leurs formes physiques qui conduit à l’exploitation sexuelle. Le pire est que d’autres filles ont l’obligation de rendre au propriétaire du bar, un pourcentage sur le montant qu’elles auront perçu à la suite de leurs activités sexuelles.

Au cours de nos recherches, nous avons appris que les critères de sélection par les propriétaires de ces endroits de vente de plaisir, sont entre autres la beauté physique, être accueillante et disponible.

Une fois engagées dans la boîte, ces jeunes filles découvrent d’autres réalités.

Au cœur de l’actualité des femmes, PourElle.info s’est rendue au quartier Matonge dans la Commune de KALAMU, à Kinshasa, un coin très mouvementé, pour en savoir un peu plus sur les réalités de travail de ces jeunes filles.

Après avoir parcouru plusieurs endroits, enfin,une serveuse, qui a requis l’anonymat, accepte de nous ouvrir son cœur.

Pour elle, le travail de serveuse est simple mais se complique lorsqu’on veut le mêler à une forme de prostitution : ‹‹ Mon travail commence à 16h, c’est depuis toute petite que j’ai débuté ce travail, question de prendre soin des miens. Avec les clients j’adopte certaines attitudes pour me protéger. Si les uns demandent combien je te paie pour le deuxieme service qui est le sexe, d’autres par contre se permettent juste de vous tapoter les fesses en passant, une manière de vous dire qu’il a besoin du deuxième service, bref le sexe.

Lorsque nous refusons les propositions des clients , il y a certains qui nous insultent, nous accusent  chez les tenanciers de ces bars ou boîtes de nuit. Certains patrons obligent même les serveuses à satisfaire sexuellement les clients. Mais, j’estime qu’accepter ou pas une sollicitation sexuelle devrait être le choix d’une personne et non une imposition car, faire le job de serveuse n’est pas synonyme d’être prostituée », dit-elle.

Sur place nous avons vu comment certains clients tentent de négocier le deuxieme service (sexe) moyennant 10.000fc pour 1h et un peu plus d’argent pour plus d’heures et un travail bien accompli. « Oza vraie chérie, pesa nga kaka temps mukié, na sepelisa yo » dit un monsieur en lingala, cigare à la main, accompagné de son verre de whisky et visiblement déjà ivre; en français ceci dit « Tu es une belle femme, accorde moi du temps je te ferai découvrir le 7ème ciel ».

Au regard des réalités que vivent ces filles, il est clair qu’il s’agit des cas d’exploitation sexuelle qui passent sous silence dans la capitale congolaise.

Il y a quelque mois, Caroline Norah PINDI, une activiste congolaise de droits de l’homme a dénoncé, lors d’une interview accordée à la presse, l’exploitation sexuelle des filles travaillant dans des bistrots à Kinshasa en République Démocratique du Congo :

« Je suis au courant de ce que traversent les filles dans les bars ou certains milieux incongrus. Ça fait mal de savoir que ces dernières ne savent pas que ce qu’elles font et subissent, c’est de l’exploitation sexuelle. La plupart pense malheureusement que ce sont les exigences liées à leur travail », a déclaré Caroline Norah PINDI, activiste des droits de l’homme.

Selon elle, l’origine de cette mauvaise pratique est la misère, la recherche de l’argent facile car aujourd’hui, les parents sont clochardisés et démissionnaires, c’est-à-dire, ils laissent libre cours aux bêtises de leurs enfants surtout filles :

« Et même quand les parents veulent taper du poing sur la table, ces filles n’obéissent plus étant donné que certaines d’entre elles nourrissent leurs maisons avec l’argent obtenu de ce travail », a-t-elle révélé.

L’exploitation sexuelle silencieuse que  l’opinion kinoise tolère énerve la loi qui condamne cette pratique comprise comme étant ‹‹ le fait d’offrir, d’obtenir, de fournir, de se procurer ou d’utiliser une fille à des fins sexuelles contre une rémunération ou tout autre formes d’avantages » ( Article 182, alinéa 3 de la loi sur la protection de l’enfance).

Il est stipulé aussi dans l’article 174 de la loi n° 06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant code pénal congolais que « sera puni d’une servitude pénale de 3 mois à 5 ans et d’une amende de 50.000 à 100.000 Francs Congolais constant, quiconque, pour satisfaire les passions d’autrui, aura embauché, entraîné ou détourné, en vue de la débauche ou de la prostitution, même avec son consentement, une personne âgée de plus de 10 ans ; peine applicable aussi à quiconque aura tenu une maison de débauche ou de prostitution, quiconque aura habituellement exploité des quelques autres façon la débauche ou la prostitution d’autrui ».

Notons que l’exploitation sexuelle désigne le fait d’abuser ou de tenter d’abuser d’un état de vulnérabilité d’une personne (par exemple, un réfugié qui dépend de vous pour sa survie, pour les rations alimentaires, l’accès à l’école, les manuels scolaires, le transport ou d’autres services), d’un rapport de force ou de confiance inégal en vue d’obtenir des faveurs sexuelles, y compris mais non exclusivement, en proposant de l’argent ou d’autres avantages sociaux, économiques ou politiques. Ceci comprend la traite des êtres humains et la prostitution.

Alors que l’abus sexuel lui, désigne toute atteinte physique à caractère sexuel commise par la force, sous la contrainte ou à la faveur d’un rapport inégal, ainsi que la menace d’une telle atteinte . Il comprend l’esclavagisme sexuel, la pornographie, la maltraitance des enfants et les agressions sexuelles.

Christian MUKAYA

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