À l’aube de la rentrée scolaire 2022-2023 , Tracy Ntumba Busanga, experte en politique éducative et spécialiste en bonne gouvernance tire la sonnette d’alarme car, elle veut que les élèves de la RDC étudient dans des meilleures conditions.
Tracy Ntumba l’a dit lors d’une interview accordée au premier média des femmes en République Démocratique du Congo.
Pourelle.info : À la veille de la rentrée scolaire, que faire pour s’assurer des meilleures performances scolaires des élèves à l’école, et pour les filles particulièrement ?
Tracy Ntumba : Plusieurs études explorant les obstacles auxquels les filles et garçons sont confrontés pour accéder, participer et terminer un cycle complet d’enseignement primaire en RDC, ont été menées ces dernières années. Ces barrières, à la fois formelles et informelles, existent au niveau systémique, scolaire, communautaire et familial. Elles sont plus ancrés selon que l’on est dans un milieu urbain ou rural. Les parents étant des éducateurs ont un grand rôle à jouer dans le suivi scolaire. Il faut s’assurer par exemple que les filles sont déchargées des tâches ménagères et ont suffisamment de temps pour réviser leurs matières.
Pourelle.info : Pensez-vous que les écoles aujourd’hui sont en mesure d’assurer une éducation de qualité aux élèves congolais?
Tracy Ntumba : Il existe à ces jours plusieurs défis auxquels est confronté le système éducatif congolais. La problématique de la qualité de l’enseignement en RDC est l’un des axes prioritaires de la stratégie sectorielle du sous-secteur de l’EPST en RDC. La gratuité a certes permis de lever la barrière de l’accès à la formation et de ramener beaucoup d’enfants à l’école, mais cela ne suffit pas, il faut former les enseignants et mettre à leur disposition des infrastructures. Les conditions d’apprentissage influencent énormément les performances scolaires des élèves.
Pourelle.info : Que faut-il faire pour assurer une éducation de qualité dans cette situation ?
Tracy Ntumba : Il faut un engagement clair du gouvernement en mettant à la disposition des enseignants un salaire conséquent, d’une part, car le salaire irrégulier est à la base de la démotivation de ces derniers. D’autres part, il faut s’assurer que les acteurs responsables de coaching et accompagnement des écoles sont formés et contrôlés. La rationalisation des bureaux gestionnaires est un levier sur lequel il faut agir, les gestionnaires doivent comprendre leur rôle pour mieux accompagner les écoles. Aujourd’hui le suivi pédagogique n’existe presque plus, les questions d’éducation sont réduites aux seules problématiques de salaires et des finances. Qu’en est-il des programmes ? des manuels ? combien d’enseignant sont renforcés et remis à niveau ? Il faut s’attaquer aux vrais problèmes et accepter de traiter la question à la source.
Pourelle.info : Comment les élus peuvent-ils apporter leur appui dans le secteur éducatif ?
Tracy Ntumba : Les élus n’ont pas à apporter leur appui, ils ont l’obligation de s’assurer que le secteur fonctionne et que les besoins des écoles, des parents sont pris en compte. Le Ministre de l’EPST est le gestionnaire du sous-secteur de l’enseignement primaire et secondaire, il rend compte aux élus et les élus à leur tour doivent contrôler, veiller, et agir.
«L’éducation est un droit fondamental, l’état doit veiller aux conditions d’apprentissage et à la qualité des enseignements. Les enfants sont l’avenir du monde» a conclu Tracy Ntumba.
Pour rappel les élèves de la République Démocratique du Congo ont repris le chemin de l’école dépuis le lundi 5 septembre 2022, ce après 2 mois de grandes vacances scolaires.
Nathan Diamwete