Depuis que le Président de la République a annoncé vouloir modifier la constitution qu’il juge “obsolète” et pas adaptée aux réalités du pays, l’opposition et la majorité sont totalement divisées. Ils s’affrontent en longueur des journées dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Malheureusement, Babeth TSHIBOLA femme politique du mouvement “Imposons le Changement” déplore que les femmes soient absentes dans ce débat. Elle l’a dit dans une interview exclusive accordée à Pourelle.info, le média féminin de référence en Afrique.
POURELLE.INFO : Babeth TSHIBOLA, l’actualité politique reste dominée par le débat sur la révision de la constitution comme le veut le chef de l’État Félix Tshisekedi. Mais on ne sent pas les femmes impliquées dans ce débat. Quelle serait la raison selon vous ?
Babeth TSHIBOLA : Merci pour cette attention Pour Elle.info. En fait, nous voyons tous comment le torchon brûle entre l’opposition et la majorité au pouvoir à cause de la révision ou non de la constitution. Malheureusement on ne voit que les hommes dans les émissions télévisées, sur les plateaux des journaux et même sur la toile.
Vous vous souvenez que moi j’étais parmi les premières personnes à réagir après l’annonce de cette proposition du Chef de l’État le 08 octobre dernier dans votre média où j’ai appelé les acteurs politiques à dépassionner ce débat pour que l’intérêt général puisse primer.
Mais, je ne vois pas de femmes impliquées dans ces discussions. Pour moi, la faible implication des femmes dans ce débat peut être attribuée à plusieurs facteurs. D’abord, il y a encore un problème structurel dans la politique congolaise, où la majorité des espaces décisionnels sont dominés par les hommes. Cela crée une exclusion implicite des femmes des grands débats politiques. Autre aspect c’est que, beaucoup de femmes en politique, même si elles sont présentes, ne bénéficient pas toujours du soutien nécessaire ni de l’espace médiatique pour s’exprimer librement. Enfin, la société congolaise, tout comme beaucoup d’autres sociétés, reste encore marquée par des stéréotypes de genre qui influencent la participation des femmes dans des domaines tels que la révision constitutionnelle, perçue comme un terrain plus masculin.
A cela s’ajouté le fait que la plupart des femmes politiques se sous -estiment elles-mêmes au point de penser qu’elles ne peuvent rien faire sans l’appui d’un homme. Elles préfèrent s’aligner derrière eux pour se faire entendre et veulent que tout leur soit servi sur un plateau d’or.
Pour ces raisons, les femmes ne sont pas suffisamment représentées dans ce débat crucial, malgré leur capacité et leur légitimité à y prendre part.
POURELLE.INFO: Ne pensez-vous pas que le silence de la majorité de femmes est dû aux ordres de leurs partis ou regroupements politiques qui leur interdisent de parler?
Babeth TSHIBOLA : Je crois qu’Il est possible que plusieurs femmes politiques soient confrontées à des contraintes internes, notamment au sein de leurs partis ou regroupements, qui les découragent de prendre position ou de s’engager publiquement sur de tels sujets. Ces partis sont souvent dirigés par des hommes qui ne reconnaissent pas ou minimisent l’importance de la participation des femmes dans des débats constitutionnels. Par ailleurs, certaines femmes peuvent elles-mêmes se sentir marginalisées ou moins préparées à intervenir dans des discussions aussi techniques et complexes, notamment si elles n’ont pas eu la chance de participer à des formations politiques appropriées ou à des espaces où elles peuvent affiner leurs compétences. Il est donc possible que ce silence soit le fruit d’une combinaison de pression externe et d’un manque de soutien structurel et d’opportunités pour les femmes politiques en RDC.
POURELLE.INFO : Vous êtes aussi une femme politique, que conseillerez vous a celles qui évitent de participer aux débats politiques ?
Babeth TSHIBOLA : Je conseillerais aux femmes de prendre conscience de leur rôle et de leur pouvoir dans la construction de l’avenir du pays. L’exclusion des femmes de grands débats politiques est un obstacle à la véritable démocratie et à l’inclusivité. Il est essentiel que chaque femme prenne la parole, s’engage et impose sa place dans les discussions qui façonnent les lois et les politiques de la nation. Il est aussi important qu’elles se forment continuellement, qu’elles développent des réseaux de solidarité avec d’autres femmes et hommes politiques, et qu’elles s’entraident pour surmonter les obstacles.
Les femmes doivent comprendre qu’en se retirant de ces débats, elles laissent d’autres déterminer notre avenir. La politique doit être un espace de représentation de toutes les voix, et cela inclut évidemment les voix des femmes.
POURELLE.INFO : Un dernier message,?
Babeth TSHIBOLA : Vous serez d’accord avec moi qu’il n y a presque plus de femmes leaders politiques en RDC. Certes, nous avons des ministres femmes, mais on ne sent pas ce leadership en elle! Pourquoi? Parce que la femme politique congolaise s’est décidé de s’allier à la peur et aux antivaleurs et de se mettre à l’écart des enjeux politiques de l’heure. La femme politique congolaise on ne la sens pas, elle ne rassure plus, elle est dans autre chose.
Et entant que femme, je voudrai tirer la sonnette d’alarme à toutes les femmes politiques et engagées de quitter cette mentalité du paternalisme. Elles doivent se prendre en charge et se démarquer sur la scène politique. Mais aussi de prendre à cœur ce débat qui concerne tout citoyen congolais.
Merci Madame Babeth TSHIBOLA
MMK