‹‹ Les violences que subissent  les femmes doivent être dénoncées pour la prise en charge des victimes ››, dixit Cécile TSHIBANDA LEPIRA, DG AVIFEM

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Les violences faites à la femme sont un problème universel. Même les pays dits avancés n’y échappent pas.

En République Démocratique du Congo, ces violences s’expriment sous différentes formes et dans un contexte influencé par les pesanteurs socioculturelles.

La rédaction du premier média des femmes, Pourelle.info a approché la Directrice Générale de l’AVIFEM ( agence nationale de lutte contre les violences faites à la femme, à la jeune et petite fille ) Cécile TSHIBANDA LEPIRA, pour en savoir un peu plus sur le travail de cette structure en ce qui concerne la prise en charge des victimes des violences faites à la femme. 

POURELLE.INFO : Bonjour  madame, pouvez-vous nous parler de L’AVIFEM ?

Cécile TSHIBANDA : Bonjour, l’Agence Nationale de lutte contre les violences faites à la Femme, à la jeune et petite Fille (AVIFEM) a été crée par Décret du Premier Ministre n°09/38 du 10 octobre 2009. Elle a pour mission générale l’exécution du plan d’actions prioritaires de la mise en œuvre de la présente Stratégie Nationale, VSBG. À ce titre, il est chargé notamment de lutter contre l’impunité, de renforcer la prévention et la protection, d’appuyer les réformes de la sécurité et de la justice, de donner des réponses aux besoins des victimes et des survivantes ainsi que de gérer efficacement les données et les informations en la matière.

POURELLE.INFO: Qu’est-ce que vous faites exactement pour lutter contre les violences faites à la femme en RDC ?

Cécile TSHIBANDA : Vous savez, la vraie façon de lutter ou de combattre et de prévenir, est dans nos missions qui ne sont pas seulement de prévenir, informer, accompagner la victime mais aussi l’accompagnement juridique et judiciaire à toutes les personnes violentées, à côté duquel il y a l’accompagnement psychologique et pour une personne violentée il y a l’accompagnement médical qui s’impose 72h pour éviter les IST et grossesse non désirée.

Quand nous recevons une victime, nous faisons ce qu’on appelle “cante siling” qui veut dire, écouter la personne violentée pour la mettre en confiance. Vous savez une personne violentée est psychologiquement faible, donc, on l’écoute pas en présence des autres et après l’écoute selon le cas, on fait un référencement dans un centre médical. Mais nous avons eu une expérience avec le PNUD dans un projet financé par le canada appelé “justice, autonomisation et dignité” qui avait démontré qu’on pouvait avoir un endroit où la prise en charge pouvait se faire de façon holistique c’est-à-dire tout ensemble voire la réinsertion selon le cas. Quand on a une élève, s’agissant de sa réinsertion c’est vers la scolarité, dans d’autres cas, l’orienter vers une activité génératrice des revenus.

POURELLE.INFO : Quels sont les cas que vous enregistrez le plus ?

Cécile TSHIBANDA : Nous enregistrons beaucoup des cas des violences, même des violences domestiques. Dans le temps, une femme ne pouvait pas dénoncer, elle trouvait que cela faisait partie des règles du mariage, mais après plusieurs sensibilisations, aujourd’hui, les femmes dénoncent même les abus commis dans leurs ménages. Et dans la famille, il y a aussi des cas. Souvent en Afrique, nous ne vivons pas seules, il y a toujours avec nous un membre de la famille, mais dans la plupart des cas, il s’est avéré que ces membres de famille commettent des abus envers des enfants, en leur disant de ne pas dénoncer sinon, ils vont les tuer, d’autres disent que, oui, suis ton oncle, mais c’est moi qui doit te faire connaître la sexualité.

Le souci est que les femmes qui viennent se plaindre ou dénoncer, refusent de passer par la justice, elles disent « Non, c’est le père de mes enfants ». Voilà nous avons donc un grand travail pour la sensibilisation car, c’est par elle qu’on peut atteindre nos objectifs. Étant donné que les violences ne doivent pas se taire, elles doivent être dénoncées pour qu’on prenne en charge les victimes, parce que ceux qui les commettent méritent aussi une prise en charge d’où la sensibilisation doit être continue à travers toute la population.

POURELLE.INFO : Y a-t-il des avancées en matière des lois sur la violence sexuelle en RDC ?

Cécile TSHIBANDA : Oui, en RDC l’arsenal juridique est assez costaud, mais il faut dire que les lois qui régissent cette matière sont des lois de 2006, avec des défaillances humaines par rapport à la typologie des violences à l’époque où on ne parlait que de violences sexuelles mais, aujourd’hui il y a plusieurs types des violences d’où l’enrichissement qui a été fait, pour que cette typologie  devienne globalisante avec toutes sortes de violences.

POURELLE.INFO: Quel est le plan d’actions de la stratégie nationale de lutte contre les violences sexuelles et celles basées sur les Genres ?

Cécile TSHIBANDA : Nous avons un plan d’actions qui est en exécution chaque année, mais au début de chaque année on essaie de relever les priorités, comme actuellement nous sommes en plein campagne de tolérance zéro, parce que tout le monde doit devenir acteur de lutte contre les violences sexuelles. Aujourd’hui c’est la fille de telle, mais demain ça peut être ta fille, d’où nous demandons aux parents de briser le silence autour des violences conjugales ou sexuelles.

Christian MUKAYA

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