Comment se porte le secteur de l’architecture en République Démocratique du Congo ? La question a été posée à l’architecte Caroline Norah PINDI à l’occasion de la journée mondiale de l’architecture célébrée chaque 2 octobre. Selon cette congolaise évoluant dans cet art de conception et de construction des édifices, l’architecture en République Démocratique du Congo ne se porte pas bien malgré le fait que chaque année plusieurs architectes de formation sont mis sur le marché par notamment l’Institut Supérieur d’Architecture et d’Urbanisme, ISAU en sigle.
‹‹ Les étudiants finissent mais n’ont pas de travail, alors que normalement l’architecture est un métier libéral, la personne formée doit être capable de créer son bureau d’études pour pouvoir soit postuler aux marchés publics, soit construire pour des particuliers. Ce n’est pas seulement dans la construction qu’un architecte peut évoluer, mais aussi dans le secteur public, les organismes internationaux. Il y a des architectes qui sont des chercheurs, ils sont dans l’enseignement , donc c’est tout un panel de possibilités à explorer. Mais par rapport à notre pays, on a beaucoup à faire dans ce domaine ››, a dit Caroline Norah PINDI.
Quid de la présence des femmes congolaises dans ce secteur ? Caroline Norah PINDI informe que les femmes sont peu nombreuses dans ce domaine, mais il y a beaucoup plus de femmes architectes aujourd’hui qu’il y a une vingtaine d’années en arrière.
Caroline PINDI s’explique par le fait que les études en architecture sont très difficiles et demandent beaucoup d’endurance physique, même si aujourd’hui avec l’ordinateur le travail est un peu aisé car auparavant il fallait dessiner avec le crayon, la plume et le papier. Pour elle, le faible nombre des femmes dans l’architecture est dû au fait que dans l’esprit de plusieurs femmes l’architecture est un métier masculin, ce qui pousse la gente féminine à s’y détourner. Plusieurs rencontres de sensibilisation ont eu lieu dans ce sens pour changer cette conception, a informé Caroline PINDI.
Pour terminer Caroline PINDI a indiqué qu’il faut au moins 6 ans d’études pour devenir architecte en RDC ( 1 an de préparatoire , 3 ans premier cycle, et 2 ans de licence ). Elle a martelé sur le fait qu’il faut faire la différence entre les architectes proprement dit et les architectes d’intérieur car ces derniers ne sont pas solidement formés comme eux et un vrai architecte, en dehors du cursus universitaire, doit être inscrit au tableau de l’ordre national des architectes et avoir un numéro d’ordre.
Concernant les difficultés dans ce domaine, Caroline PINDI a parlé de la méfiance de la population envers les architectes nationaux, et le manque de moyens financiers. Les femmes architectes font face au harcèlement sexuel, au doute sur leurs compétences. Elle a aussi fait savoir que l’État congolais ne soutient pas les architectes et en appelle donc à l’implication de l’État dans ce secteur.
Dave NGONDE