Deux artistes russes de théâtre renommées, Evguénia Berkovitch et Svetlana Petriïtchouk, ont été condamnées en début du mois de juillet 2024 à six ans de prison pour une pièce de théâtre, nouvelle illustration du climat de répression qui sévit en Russie et accentué depuis le début de la guerre contre l’Ukraine.
Le juge moscovite qui a annoncé leur sentence a suivi la réquisition de la procureure, rendue publique 4 jours plus tôt.
Très connues dans le milieu du théâtre russe, la metteuse en scène Evguénia Berkovitch, 39 ans, et la dramaturge Svetlana Petriïtchouk, 44 ans, incarcérées depuis mai 2023, étaient accusées d’apologie du terrorisme pour une pièce de théâtre montée en 2020.
La pièce « Finist, le clair faucon », raconte l’histoire de Russes recrutés sur internet par des islamistes en Syrie et partant les rejoindre pour les épouser.
Dans cette pièce, il n’y a aucune justification du terrorisme, avait déclaré en Mai au tribunal Svetlana Petriïtchouk, pour qui le but était au contraire d’attirer l’attention et d’éclairer sur ce problème. Les deux femmes ont toujours clamé leur innocence.
‹‹ Aujourd’hui s’est tenu un procès illégal et inéquitable, dont le juge s’est acquis la réputation d’un héros. Ces femmes sont absolument innocentes ››, a déclaré à la sortie du tribunal Ksenia Karpinskaïa, avocate de Mme Berkovitch. Elle a été applaudie par les personnes venues soutenir les deux femmes. Juste avant l’annonce du verdict, Evguénia Berkovitch, en chemise blanche, s’est montrée souriante dans la cage de verre réservée aux accusés, s’efforçant de faire le signe de la victoire avec ses mains menottées.
Plusieurs dizaines de personnes s’étaient rassemblées devant le tribunal pour attendre le verdict. Le réalisateur russe Kirill Serebrennikov, qui fut le professeur d’Evguénia Berkovitch et vit en exil principalement en Allemagne, a, à plusieurs reprises, soutenu publiquement les deux artistes et appelé à leur libération, notamment lors du dernier festival de Cannes en mai dernier.
Depuis le début de l’assaut contre l’Ukraine, en février 2022, la répression russe frappe toutes les voix dissidentes. L’épuration s’abat aussi sur les milieux culturels, sommés de se plier au discours patriotique et militariste du Kremlin.
Grâce NGOMA