Accueil Société Femmes dans les métiers dits masculins : Focus sur Honorine KAPITA conductrice de moto-taxi à Kinshasa 

Femmes dans les métiers dits masculins : Focus sur Honorine KAPITA conductrice de moto-taxi à Kinshasa 

Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, voit de plus en plus de femmes s’imposer dans des métiers traditionnellement dominés par les hommes. 

À l’occasion de la Journée internationale des droits des Femmes, célébrée chaque 8 mars, diverses initiatives mettent en lumière les réussites et contributions exceptionnelles des femmes à travers le monde.

Dans cette optique, POURELLE.INFO s’est entretenue avec Honorine KAPITA, une femme que nous avons rencontré dans les rues de Kinshasa, et qui a accepté de nous partager son expérience dans ce domaine d’activité professionnelle encore perçu comme exclusivement masculin en République Démocratique du Congo.

Honorine KAPITA  se distingue par son parcours impressionnant de conductrice de moto-taxi, communément appelée « Wewa ».

Elle nous a livré un témoignage poignant, partageant les défis qu’elle a rencontrés, ses motivations et son engagement pour prouver que les femmes peuvent exceller dans tous les domaines, même ceux où elles sont historiquement peu représentées.

« À la mort de mon mari, je suis restée seule avec nos quatre enfants. La situation financière a changé à la maison, et j’ai essayé plusieurs petits commerces sans succès. Jusqu’à ce qu’un jour mes grands frères m’apprennent à conduire la moto. J’ai commencé à transporter quelques personnes pour de petites courses et j’ai vite remarqué que je pouvais subvenir aux besoins de mes enfants. Plutôt que de me livrer à des pratiques immorales comme la criminalité ou la prostitution pour gagner ma vie, j’ai décidé de me lancer officiellement dans ce métier de motocycliste », a-t-elle expliqué . 

Honorine KAPITA a relevé qu’elle rencontre de nombreux défis sur la route, notamment la pression de certains hommes, y compris d’autres motocyclistes et aussi les regards étonnants des passants.

« Les désagréments ne manquent pas sur la route, étant donné que nous, les femmes motocyclistes, ne sommes pas nombreuses à Kinshasa. Je me retrouve parfois seule parmi tant d’hommes. Surtout face au regard des autres, qui n’est pas toujours facile à supporter, mais je tiens bon, car je sais pourquoi je suis là. Face à toutes ces réalités, je reste concentrée sur mon travail, car il me permet de nourrir et scolariser mes enfants, ainsi que de subvenir à nos autres besoins familiaux. Je considère mon travail avec beaucoup de respect, et je n’en ai pas honte. Je l’exerce avec soin: Je porte toujours mon casque, mes gants, et tout le nécessaire pour conduire en toute sécurité sur les grandes routes de Kinshasa. Malheureusement, certains hommes, que je considère comme mes collègues et envers qui j’ai beaucoup de respect négligent cet aspect de choses. Ils conduisent en babouches, d’autres ne portent même pas de casque. Mon respect des consignes m’épargne plusieurs tracasseries routières », a-t-elle expliqué.

Honorine KAPITA, motocycliste et mère de famille, est dans ce métier depuis bien longtemps, elle possède une vaste expérience dans ce domaine. En effet, c’est depuis 2008 qu’elle a commencé à travailler en tant que conductrice de moto-taxi. Elle a parcouru plusieurs provinces de la République Démocratique du Congo, notamment le Maniema, la Tshopo, précisément dans la ville de Kisangani, le Nord-Kivu à Goma, avant d’arriver à Kinshasa, la capitale, en 2021.

À Kinshasa, elle travaille principalement dans les itinéraires compris entre moulaert, Selembao, UPN, Magasin, Kintambo, Kingasani et même jusqu’à Maluku.

La courageuse Honorine KAPITA a également profité de cette occasion pour conseiller les jeunes femmes qui hésitent à se lancer dans certains métiers :

« Elles doivent savoir qu’il n’existe pas de métiers réservés aux hommes ou aux femmes. Si une femme a la capacité d’exercer un métier, elle peut et doit le faire sans hésiter . Aujourd’hui, nous avons des femmes policières, des femmes conductrices, et même dans plusieurs bureaux, les femmes sont représentées. Nous avons même une femme Premier Ministre au pays. La honte tue, chaque femme doit valoriser et aimer son travail. Si une jeune femme viens vers moi pour apprendre mon métier, j’en serais très honorée et je lui accorderais mon temps pour le lui enseigner, je suis prête à me sacrifier pour que d’autres femmes aient le courage de faire comme moi », a-t-elle dit .

Dans un secteur où les femmes sont souvent sous-représentées, Honorine KAPITA a su surmonter les défis, briser les stéréotypes et s’imposer. Son témoignage est un exemple inspirant qui met en lumière la résilience des femmes de la RDC, prêtes à redéfinir les codes des métiers dits masculins et à prouver que la passion, l’engagement et la détermination n’ont pas de sexe.

Cet entretien met donc en lumière le courage et la détermination des femmes congolaises, qui, à travers leur travail et leur résilience, changent les mentalités et ouvrent la voie à une nouvelle vision de l’égalité des genres.

Divine LUKOMBO

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