Décédée pour cause de drépanocytose, voici un des témoignages poignants du médecin et activiste congolaise Madeleine BOKINGO

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Elle a quitté la terre des hommes le vendredi 15 Mars 2024 à l’âge de 30 ans après avoir lutté pendant des années contre la drépanocytose. Le témoignage de Madeleine BOKINGO reste un testament pour ceux qui vivent cette maladie et aussi pour ceux qui voudraient bien protéger les générations futures.

Nous avons reçu, de la part d’un de ses proches, un de ses témoignages poignants datant d’il y a deux ans et quelques mois à l’époque où le docteur Madeleine BOKINGO avait 28 ans :

‹‹ Je suis Madeleine BOKINGO Mady La Maman D’elykia, âgée de 28 ans, je suis une jeune femme vivant avec la drépanocytose. Aînée d’une famille de plusieurs enfants. Comme tout enfant drépanocytaire, j’ai grandi avec beaucoup d’interdits. Mais en dépit de mes intérêts personnels, j’ai voulu me comporter comme les enfants de mon âge, comme si rien n’était. Je voulais toujours donner le meilleur de moi-même. Depuis mes 5 ans, je suis suivie de près par des médecins spécialisés en drépanocytose, il m’arrive de faire des crises vaso-occlusives mais je suis fille d’un médecin et moi-même médecin donc je sais les gérer. Gloire à Dieu, je ne connais en pratique jamais de transfusions, seules les fortes crises rebelles à la codeïne peuvent me conduire à l’hôpital. En réalité, j’ai été transfusée qu’à mes 5 et 15 ans voire à mes 25 et 26 ans suite à une première grave infection pulmonaire (pleurésie) qui m’avait conduite à l’hospitalisation à l’étranger pour des soins appropriés. Dieu m’a fait grâce d’avoir une famille où tout le monde est aux petits soins, quand je vais mal.

Bien-sûr que j’ai connu de rejet et autres, sans doute la plus dure c’était à l’école primaire, je n’étais pas souvent malade mais quand ça arrivait c’était grave. Je pouvais manquer les cours pendant 1 mois, et, à la reprise, les amies ne voulaient pas jouer avec moi parce que j’étais tout le temps malade, fragile. Un temps pendant mon adolescence j’ai essayé d’enfreindre les règles en vain.

Mon réconfort, c’est Dieu, car Lui seul fait toute chose bonne, Il sait pourquoi, ma famille, mes amies, c’est ce qui fait l’endurance de la Madeleine que j’suis ››, a-t-elle dit.

Et de poursuivre : ‹‹ Une parole d’espoir pour ces vaillantes drépanocytaires qui me lisent, aux familles victimes, à tous ceux qui m’ont accordée leur temps, j’emploie un adage qu’aime ma tendre mère : ‹‹ MIEUX ON SE CONNAIT, MIEUX ON VIT ». C’est vrai qu’étant Drépa, c’est difficile de s’accepter et de s’aimer surtout avec les moqueries, il faut savoir se surpasser et se dire : ‹‹ Oui, JE VIS COMME TOUT LE MONDE ». 

Mon brave père me dit souvent : ‹‹ MADELEINE, TU N’ES PAS MALADE, C’EST TON SANG QUI EST MALADE ». C’est ce qui fait que je m’accepte, je me bat pour vivre même si c’est pour ceux qui m’entourent d’amour. En dehors des crises, de fatigue etc, s’assumer est la moindre de lueur à se donner, mais surtout vivre avec la stricte limite, car vivre longtemps c’est possible ››, a conclu le Docteur Madeleine BOKINGO Mady.

Le média Pourelle.info à qui elle a accordé quelques interviews de son vivant souhaite à la famille biologique et professionnelle de la disparue, ses condoléances les plus attristées.

Dave NGONDE

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