Après 22 ans de carrière sportive en République Démocratique du Congo, Nancy TSHIABA, athlète femme du karatéka est devenue l’une des figures incontournable dans le sport féminin en RDC. Votre média, POURELLLE.INFO a eu le privilège d’interviewer cette grande figure du “sport de jambe” dans le cadre de la journée internationale du sport féminin, célébrée le 24 janvier. Un échange qui a porté sur le thème “les femmes dans le sport : Réussite et Défis”.
POURELLE.INFO : Avez-vous connaissance que depuis 2014, il existe une journée internationale consacrée à la célébration du Sport Féminin ? Quel est votre sentiment par rapport à cette reconnaissance ?

Nancy TSHIABA : C’est un grand plaisir pour nous de savoir qu’il existe une journée spéciale où l’on célèbre le sport féminin. Quoique cela n’est pas vraiment célébrée comme il se doit en République Démocratique du Congo, nous sommes fiers du simple fait que cette journée existe et cela nous motive.
POURELLE.INFO : Relatez-nous en quelques mots l’histoire de votre carrière sportive, vos débuts, vos réussites et les difficultés auxquelles vous avez fait face.
Nancy TSHIABA : J’ai débuté le sport en 1999 au sein du club TSHITOKAYUM de Maître Honoré MASAMBA DIAMVETE par le canal d’une de mes cousines Nolie MALANDA. Je l’accompagnai puis soudain, j’ai fini par avoir le goût de pratiquer le sport. Il est vrai qu’au départ je ne savais pas quelle discipline embrasser, j’ai pratiqué le basket à l’école, le football puis en fin de compte le karaté. Un sport dans lequel je me suis lancée avec beaucoup de concentration et mon rêve était qu’un jour on parle de moi dans cette discipline. Mes réussites ? Je suis 16 fois championne du Congo, médaillée d’argent aux Jeux Africains en 2007, médaillée de bronze en 2009, 2017 et en 2021 lorsque j’ai clôturé ma carrière. En 2022, j’ai été honorée dans le palmarès des 50 femmes qui inspirent chez POURELLE.INFO… La première difficulté est que le gouvernement congolais est le seul sponsor du sport congolais. Puis il y a une répercussion des conséquences négatives qui tombent sur nous. Ça nous est arrivé de faire des compétitions sans des médecins à nos côtés. Je me rappelle encore qu’en 2018 j’ai eu des soucis avec ma fédération parce que je ne savais plus comment faire évoluer ma carrière, j’ai vu mon rêve de J.O s’envoler.

POURELLE.INFO : Suite à votre parcours , quelle opinion avez-vous sur la situation du sport féminin à ce jour en RDC ?
N.T : Aujourd’hui, le sport féminin a gravi les échelons, notamment parce qu’avant il n’y avait pas autant de femmes qui pratiquaient le sport. Je vois les enfants développer la passion de se lancer dans le sport et c’est formidable. D’ailleurs , si nous comptons les nombres des médailles qui ont été récoltées par la RDC durant les compétitions internationales, nous constatons que les femmes sont les personnes qui ont beaucoup rapporté, notamment en boxe. Mais, il est triste de voir que nous ne sommes pas traitées comme il le faut jusqu’à ce jour, il n’existe même pas un comité de supporteurs féminin. Mais malgré cela, nous sommes toujours animées par la passion.
POURELLE.INFO : Pour clore cette interview, quel message particulier adressez-vous à la génération qui va vous succéder ?

Nancy TSHIABA : À nos jeunes, j’exhorte d’avoir l’optimisme, la détermination et la discipline. Ne venez pas accompagner les autres ni rester derrière les autres. Il faudrait au préalable baliser le chemin en définissant les objectifs et les motivations qui vous conduisent dans le sport. Ne jamais se sous-estimer devant les hommes. Si un homme fait 50 abdos, sache que tu peux le faire également. Communiquez assez sur vous dans les médias, vendez votre savoir faire. J’invite également les anciennes sportives à s’impliquer activement pour le développement du sport féminin. Notamment, en se formant, en occupant des postes dans les organes de prise des décisions et à faire plus même. Car c’est nous la motivation de la génération montante.
Rappelons par ailleurs que c’est depuis 2014 que la planète célèbre la journée internationale du sport féminin le 24 janvier. Créée par le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) et le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), l’objectif de cette journée est d’améliorer la visibilité des sportives auprès du grand public et de lutter contre les stéréotypes en mettant en avant la diversité des pratiques mais aussi en renforçant la présence des femmes dans les instances dirigeantes sportives .
Aggée CHUGA