Insalubrité criante à Kinshasa : ‹‹ Il n’y a pas du tout de politique de gestion de déchets publics à Kinshasa ››, regrette la journaliste Bibish NGUWA

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La Ville de Kinshasa est parmi les plus sales de la République Démocratique du Congo, en dépit du fait qu’elle soit la capitale de ce grand pays au cœur de l’Afrique Centrale. Plusieurs décennies et plusieurs gouvernements provinciaux se sont succédés mais cette ville, qui a aussi un statut de province, a toujours du mal a revêtir sa plus belle robe d’antan afin de véritablement porter le nom de “Kin la Belle” qui lui était collée jadis. 

Aujourd’hui Kinshasa fait face à une prolifération de déchets, plastiques notamment, sur la quasi-totalité des rues, des  grandes artères de cette grande ville, et qui remplissent les rivières et cours d’eaux, à tel point que certains habitants l’on surnommée “Kin la Poubelle”.

En cette nouvelle année 2024 et à l’aube de la venue des nouvelles autorités dans le pays et dans la capitale de la RDC ( à la suite des élections générales qui ont eu lieu le 20 décembre 2023 ), comment faire pour passer de “Kin la Poubelle” à “Kin la Belle” ? Le desk société de votre média s’est penché sur le sujet et a approché une spécialiste de l’environnement quant à ce.

Principale cause d’insalubrité et de bouchage de cours d’eau à Kinshasa, pourquoi la gestion des déchets plastiques n’est elle pas efficace à Kinshasa ? Quelle est la politique de salubrité à Kinshasa ? Pourquoi y a-t-il beaucoup de déchets plastiques dans les lieux publics à Kinshasa ? Y a-t-il un lieu de recyclage pour ces déchets plastiques ? Le programme Kin BOPETO a-t-il échoué ?

Que faut il faire pour gérer efficacement les déchets plastiques à Kinshasa et en RDC, et contribuer tant soit peu à rendre la capitale et le pays propre ? Nous avons posé toutes ces questions à Bibish NGUWA, journaliste spécialisé dans le secteur de l’environnement, à la radio et télévision B-One, émettant dépuis Kinshasa . Cette dernière nous a accordé un entretien dans les locaux de ce média dans la commune de Ngaliema.

‹‹ Déjà pour parler de l’efficacité de la gestion, il faut savoir si il y a effectivement une gestion des déchets plastiques à Kinshasa. Personnellement je pense que les déchets en général ne sont pas gérés en RDC et principalement à Kinshasa, plusieurs personnes sont d’accord avec moi dans ce sens. Et cela constitue un réel défi face à l’assainissement et au changement climatique. Pour parler rien que de Kinshasa, cette ville nous produit entre 8000 et 10.000 tonnes de déchets par jour, soit 42% de déchets d’ordre organiques et 12% de déchets plastiques. Allez-y comprendre que si les déchets sont bien gérés cela peut se transformer en opportunités d’affaires parce qu’on peut facilement se retrouver dans l’entrepreneuriat vert, la création d’emploi et voir comment lutter contre la délinquance juvénile ››, a dit Bibish NGUWA d’entre de jeu.

Pour cette journaliste ayant participé à plusieurs rencontres sur l’environnement à l’extérieur de la République Démocratique du Congo, nous avons en RDC des déchets qui ne sont pas recyclés et pour elle, l’on ne peut parler de gestion de déchets tout en excluant l’aspect recyclage :

‹‹ Est-ce qu’il est dit que tout déchet qui se retrouve dans la poubelle finit sa vie ? Non. Il y a des déchets qu’on peut recycler, il y a du plastique que l’on peut recycler, par exemple en faire du pavé, des tuyaux PVC et autres. Et même des jouets pour enfants. Il y a pas mal de choses qui nous échappent comme ça. En lieu et place de transformer ces déchets en opportunitésd’affaires, on ose même transformer nos cours d’eau en dépotoir et cela accentue les dégâts avec les inondations lorsqu’il y a des pluies, causant notamment des pertes en vies humaines car on a envahi la nature et on le voit à Kinshasa avec la Cité du Fleuve ou le quartier MBUDI où les normes de construction ne sont pas respectées ››, a relaté Bibish NGUWA.

La journaliste a également évoqué les décharges publiques fournies à Kinshasa par l’Hôtel de Ville via le partenariat avec l’Union Européenne il y a quelques années, mais elle s’est interrogée s’il faut seulement s’arrêter aux décharges ou s’il faut aussi prévoir l’évacuation, le traitement ou l’incinération de ces déchets.

Autre point évoqué par Bibish NGUWA, c’est l’incivisme de la population. En effet pour cette spécialiste de l’environnement la population DOIT ÊTRE ÉDUQUÉE à bien gérer les déchets plastiques et tous les autres déchets. Elle a aussi regretté le fait que la quasi-totalité de nos rues et grandes artères ne sont pas régulièrement nettoyées. Pour elle, c’est, malheureusement ou heureusement, ‹‹ la pluie et le vent qui nettoient nos rues et grandes artères ››.

Peut-on dire que le programme “Kin BOPETO” a échoué ? À cette question Bibish NGUWA répond qu’elle ne sait pas à quoi ce programme a servi et s’il existe toujours d’ailleurs : ‹‹ C’est de la farce ››, a-t-elle ajouté.

Que peut-on faire alors pour rendre la ville de Kinshasa plus propre à l’avenir ?

‹‹ Il faut une politique d’assainissement. C’est-à-dire qu’il faut éduquer la population à bien gérer les ordures. Tous les déchets ne sont pas à mettre dans le même paquet : il y a des déchets biodégradables, non biodégradables , etc. il faut également la politique d’évacuation des déchets et qu’on arrive à donner une seconde vie à ces déchets, c’est-à-dire les valoriser ››, a répondu Bibish NGUWA.

La spécialiste en environnement a aussi épinglé le faible coût de l’entreprise (Kintoko ) qui a demandé à la population de lui vendre les déchets plastiques ( 500fc le kilo, selon certaines sources ). Pour elle, il faut augmenter ce montant à plus de 5000fc pour le kilogramme pour motiver un peu plus les Kinois à aller déverser leurs ordures ménagères là-bas.

Nous avons conclu cet échange par un mot sur la gestion de Eve BAZAIBA à la tête du ministère de l’environnement.

Pour Bibish NGUWA, la ministre BAZAIBA travaille bien à son niveau, c’est-à-dire au niveau global, notamment par ses plaidoyers au niveau international pour la sauvegarde des eaux et forêts via la mise en place des textes légaux ayant trait à ce domaine. ‹‹L’environnement ce n’est pas seulement l’affaire de BAZAIBA, c’est l’affaire de tous : les médias, la population, les Scientifiques. Que chacun à son niveau apporte sa contribution ››, a conclu Bibish NGUWA.

Dave NGONDE

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