Depuis l’arrestation du conseiller spécial en matière de Sécurité du Président de la République, François Beya, beaucoup des congolaises et congolais ignorent les vrais raisons. Une situation qui commence à inquiéter.
A cet effet, Maitre Marie-Thérèse NLANDU avocate des droits de l’homme vient d’adresser une lettre ouverte au Chef de l’état, le président Felix Antoine Tshisekedi, dont voici la quintessence.
« Excellence Monsieur le Président,
Nous venons d’apprendre l’arrestation de Monsieur François BEYA KASONGA, Conseiller Spécial en
matière de Sécurité de la Présidence, par les Services de Renseignements (ANR) ce samedi 5 février 2022
à Kinshasa. Les raisons de cette arrestation ne sont pas connues jusqu’à ce jour et inquiètent sur la volonté
du nouveau régime d’instaurer un Etat de droit au Congo.
Tout porte à croire que cette arrestation ressemble à un règlement de comptes au sein de la Présidence
congolaise et que des faits graves seraient montés de toutes pièces pour faire tomber un homme de
Services dont la collaboration est précieuse pour le Congo.
La presse tant nationale qu’internationale fait entre autres état de dénonciations de la part de partisans
de l’UDPS d’une tentative de coup d’Etat ou encore de dossiers dont Monsieur BEYA KASONGA avait la
charge, notamment un dossier portant sur un conflit minier qui concerne un autre conseiller présidentiel,
Monsieur Fortunat BISELELE.
Nous nous interpellons par ailleurs sur l’impact qu’une telle arrestation peut avoir sur la stabilité déjà
fragile du Congo.
En tant que victime d’une arrestation et d’une détention arbitraires basées sur de fausses charges
montées par les Services de Renseignements sous le régime Kabila fin 2006, nous savons trop bien les
dégâts physiques et mentaux causés par de telles injustices. A cet égard, nous faisons part de notre
inquiétude sur le traitement réservé à Monsieur François BEYA KASONGA, si lui haut fonctionnaire peut
être interpellé sans respect de ses droits de défense, qu’en est-il du congolais lambda ?
Pourtant, le changement de régime impulsé par votre arrivée à la tête de la R.D.Congo a suscité des
espoirs de lendemains meilleurs pour la population congolaise. Toutefois, la succession d’évènements
qui entachent le Congo risquent d’estomper ces espoirs en vue d’une gouvernance soucieuse d’améliorer
la situation économique et sociale du pays. Par ailleurs, l’interpellation de Monsieur BEYA KASONGA n’est
pas de nature à mettre le Congo sur la voie tant espérée de l’Etat de droit prôné par le chef de l’Etat.
Cela étant, les agents de l’ANR qui l’ont arrêté étaient dépourvus de la qualité de l’autorité de procéder
à l’interpellation de Monsieur François BEYA KASONGA. Cette arrestation a en outre été opérée pendant
qu’il était en cours de soins médicaux.
Au vu de ce qui précède nous vous demandons en tant que garant de la Nation de :
1. Garantir l’intégrité physique et psychologique de Monsieur François BEYA KASONGA;
2. Ordonner sa libération immédiate en l’absence de charges valables ou, le cas échéant, les traduire
devant un tribunal civil, impartial et compétent tout en garantissant ses droits procéduraux en
tout temps;
3. Garantir une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur ces événements, et ce afin
d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal civil indépendant, compétent et
impartial ;
4. Garantir la sécurité et la protection de la famille et des collaborateurs de Monsieur François BEYA
KASONGA;
5. Garantir le respect des droits fondamentaux tels que la Constitution les définit à travers le pays.
Nous vous remercions de la suite favorable qui sera réservée à ce courrier et vous prions d’agréer,
Excellence Monsieur le Président, l’assurance de notre considération très distinguée »,
Fait à Bruxelles, le 7 février 2022
Maître Marie-Thérèse Nlandu, avocate des droits de l’homme et Amnesty International Prisoner of Conscience 2006-07, a envoyé des copies conformes aux personnalités ci-après : Son Excellence Monsieur Macky Sall, Président du Sénégal, Président de l’Union Africaine (UA), Secrétaire Général des Nations Unies Antonio Guterres
Madame Michelle Bachelet, au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, à Madame Bintou Keita, Cheffe de la MONUSCO, à Monsieur Mike Hammer, Ambassadeur des Etats-Unis en R.D.Congo, a Monsieur Alexey Sentebov, Ambassadeur de la Fédération de Russie en R. D. Congo, à Monsieur Zhu Jing, Ambassadeur de Chine en R. D. Congo, à Monsieur Benoît-Pierre Laramée, Ambassadeur du Canada auprès de la R. D. Congo, à Madame Emily Maltman, Ambassade de la Grande-Bretagne en R. D. Congo, à Monsieur Ram Karan Verma, Ambassadeur de l’Inde en R.D.Congo, à Monsieur Jean-Marc Châtaigner, Ambassadeur de l’Union européenne auprès de la R. D. Congo, à Monsieur Bruno Aubert, Ambassadeur de France en R. D. Congo, à Monsieur Oliver Schnakenberg, à l’Ambassadeur d’Allemagne en R. D. Congo
Monsieur Jo Indekeu, à l’Ambassade du Royaume de Belgique en R. D. Congo
Monsieur Jon-Åge Øyslebø, à l’Ambassade de Norvège en R. D. Congo
Monsieur Henric Råsbrant, à l’Ambassade de Suède en R. D. Congo
Monsieur Miguel Costa, à l’Ambassadeur de l’Angola en R.D.Congo
Monsieur Joseph Ntsikikiwane Mashimbye, à l’Ambassadeur de l’Afrique du Sud au Congo
Monsieur Clément Yandoma, à l’Ambassadeur de la République du Congo en R.D.Congo, à Monsieur Guillaume Ahipeau, Ambassadeur de Côte d’Ivoire en R. D. Congo
Monsieur Joe Nyagah, à l’Ambassadeur du Kenya en R. D. Congo
Monsieur Sissa Le Bernard Ambassadeur de la République Centrafricaine en R.D.Congo, à
Monsieur Hiroyuki MINAMI, à l’Ambassadeur du Japon en R. D. Congo
Monsieur Aimé Placide Mimbila Essingone, à l’Ambassade du Gabon en R.D.Congo
À Monsieur Josepth Kwaku Antwi, Ambassadeur du Ghana en R. D. Congo, à
Monsieur Ahmed Mohammed Kele, à l’Ambassadeur du Nigéria en R. D. Congo, au Cardinal Fridolin Ambongo, chef de l’Eglise catholique de RDC, à la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), a Amnesty International et Human Rights Watch.
La rédaction