C’est le journaliste Christophe RIGAUD du média AFRIKARABIA qui a révélé l’affaire. Selon ses propos: « il a fallu un incroyable courage au Lieutenant-colonel Viviane MASIKA MUPIRA et Jolie EPANZO, agent civil à l’état-major du renseignement militaire, pour briser le silence. Ces deux femmes accusent un haut gradé des Forces Armées Congolaises ( FARDC ) le général de brigade Patrick SASA NZITA ( un Belge d’origine congolaise ), Chef du département intérieur de l’ex-DEMIAP, de viol et agressions sexuelles présumés ».
Toujours selon cet article de AFRIKARABIA, le lieutenant-colonel Viviane MASIKA a déposé plainte le 28 août 2024 devant l’auditorat militaire, malgré les menaces de Patrick SASA. Elle a raconté en détail ce qui lui était arrivé le 16 mai 2024. Ne réussissant pas à joindre le sous-chef d’état-major du renseignement concernant un dossier urgent, elle contacte un de ses adjoints, le général Patrick SASA. L’officier supérieur lui fixe rendez-vous, non pas dans son bureau de l’état-major du renseignement, mais dans la commune de Bandalungwa, à Kinshasa, au quartier Tshibangu, aux environs de la boutique Galaxy et du supermarché Kin Marché. Sur place, elle téléphone au général qui lui annonce qu’il se trouve à l’hôtel “Le Prince”. Ironie du sort, cet hôtel appartenait à Corneille NANGAA, aujourd’hui en fuite pour avoir rejoint la rébellion M23, avant d’être confisqué par le renseignement militaire. À l’hôtel, Patrick SASA invite Viviane MASIKA à monter avec lui à l’étage pour discuter du dossier, et demande aux quatre militaires qui accompagnent la femme Lieutenant-colonel de rester à la réception. Selon la plaignante, c’est dans une chambre que le général l’aurait forcée à avoir une relation sexuelle. Devant l’auditorat militaire, le général SASA NZITA a nié, lors de la confrontation, l’accusation de viol et parle d’un acte consenti.
AFRIKARABIA et Christophe RIGAUD renseignent qu’une seconde affaire éclabousse sur le même général, elle concerne une agent civile travaillant au sein du renseignement militaire, en la personne de Jolie EPANZO. Le général SASA NZITA lui propose de partir en mission de service avec lui à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 27 décembre 2023 au 4 février 2024. Le général avait intégré dans la mission son assistant, le capitaine Jonathan LEMBE et son garde du corps, le sous-lieutenant Grâce ITUMBA, mais aussi Ashley sa propre fille. Ils étaient tous logés à l’hôtel Léonard à Sandton, en banlieue de Johannesburg. Trois jours avant le retour à Kinshasa, Patrick SASA NZITA monte au 26e étage, dans la chambre occupée par Jolie EPANZO. Selon le témoignage de la plaignante, nous dit l’article, le général aurait refermé la porte à clé derrière lui, avant de la pousser sur le lit pour la contraindre à avoir une relation sexuelle. Jolie EPANZO se débat. Craignant que les bruits alertent le personnel de l’hôtel, Patrick SASA quitte la chambre et menace de mort Jolie EPANZO. Lors de la confrontation à l’auditorat militaire du 27 août 2024, le général a rejeté l’accusation de tentative de viol et soutient que Jolie EPANZO était sa maîtresse. Devant l’auditorat militaire, l’officier supérieur a accusé Jolie EPANZO et Viviane MASIKA d’être instrumentalisées et manipulées voire payées par d’autres généraux qui le jalousent et qui sont déterminés à avoir sa tête.
Selon le média AFRIKARABIA l’affaire Patrick SASA pourrait également rebondir à l’étranger, en Belgique précisément. Le général SASA possède en effet la nationalité belge. Les avocats des deux plaignantes sont entrés en contact avec un confrère belge pour coordonner leurs actions. Mais le plus important dans cette affaire, c’est que, pour la première fois, le mur du silence est enfin brisé dans l’armée congolaise estime AFRIKARABIA. Jolie EPANZO et Viviane MASIKA souhaitent que les agressions sexuelles au sein des FARDC soient enfin reconnues et leurs paroles écoutées.
« Les cas sont très nombreux, c’est une réalité », selon elles.
Le personnel militaire féminin (PMF) n’ose pas porter plainte de peur de ne pas être cru mais aussi par peur de ne pas être promu, d’être rétrogradé ou privé de la prime mensuelle versée par l’armée. Un premier pas décisif vient pourtant d’être franchi au Congo avec les témoignages de Jolie EPANZO et Viviane MASIKA… pour libérer la parole.
Sachez que selon les dernières informations publiées sur le compte X de Christophe RIGAUD, les proches des deux plaignantes font l’objet de menaces et demandent la protection des autorités congolaises.
Dave NGONDE