Dans un contexte où la communication s’affirme comme un puissant moteur de transformation sociale, il est impératif de mettre en exergue le rôle essentiel des femmes dans ce domaine, non seulement en tant qu’agents de revendication, mais également comme architectes d’une société plus inclusive et équitable.

À cet égard, POURELLE.INFO a engagé un échange enrichissant avec Grâce MALI, experte senior en Communication et Relations Publiques, active depuis seize ans. L’échange s’est déroulé autour du thème : “Les femmes dans les agences de communication : défis, opportunités et impact dans un secteur en pleine évolution”.

Voici l’intégralité de cet entretien.

POURELLE INFO : Pourriez-vous vous présenter et nous narrer votre parcours dans le domaine de la communication ?

Grâce MALI : Je possède une formation exclusivement axée sur la communication. J’ai choisi la filière commerciale et administrative au lycée, avant de me consacrer pleinement à la communication à l’université. Après mes études, j’ai débuté ma carrière au bas de l’échelle professionnelle c’est-à-dire dans l’interaction humaine avec la population en tant qu’ambassadrice, promouvant divers produits au sein de l’agence de communication ICONProd. J’ai évolué, passant d’ambassadrice à cheffe d’équipe, puis à chargée d’exécution, avant d’accéder au poste d’Account Manager en 2013, et finalement de me spécialiser dans le département des Relations Publiques. J’ai continué dans la seconde agence, OPTIMUM Communication, toujours dans ce secteur, jusqu’à devenir Responsable du département Relations Publiques, avec plusieurs clients dans mon portfolio. Tous ces acquis en agence de communication ont énormément contribué à ma carrière. Je suis à ce jour Coordinatrice de la Communication pour la RDC & la RCA chez Enabel»

POURELLE.INFO : Qu’est-ce qui vous a incitée à intégrer une agence de communication ?

Grâce MALI : Depuis mon plus jeune âge, j’éprouvais une fascination pour le contenu des campagnes de communication, de manière instinctive. Je désirais devenir cette personne capable de convaincre autrui. À un moment de ma vie, j’ai envisagé le journalisme, mais en considérant la réalité de cette profession en République Démocratique du Congo, j’ai jugé plus judicieux de me tourner vers le marketing et les relations publiques. Mon père souhaitait cependant me voir présenter le journal télévisé de 20 heures. Étrangement, c’est vers le marketing que je me suis finalement orientée, un domaine moins visible, où j’opère en coulisses.

POURELLE.INFO : Comment décririez-vous le quotidien d’un communicant ?

Grâce MALI : De manière générale, la vie d’un communicant est dynamique et rythmée, chaque jour se révèle unique et riche en interactions. Ce métier n’est guère bureaucratique. À l’arrivée le matin, un(e) communicateur (trice) énumère les tâches pour la journée, les classe selon leur degré de priorité. Puis il commence par les missions les plus simples avant de s’attaquer aux plus complexes. Toutefois, le suivi des projets en cours demeure primordial, car la nature du travail d’un communicant repose sur une surveillance constante.

P.I : Quelles sont selon vous les compétences clés requises pour progresser dans ce domaine ?

G.M : L’une des compétences majeures est la polyvalence, qui implique une maîtrise de tous les outils de communication : vidéos, écrits, photographies, impressions, etc. À cela s’ajoutent d’autres aptitudes telles que le leadership, la capacité à appliquer une gestion efficace, une créativité développée, la capacité à établir des relations solides avec les collaborateurs, ainsi qu’une prévision budgétaire rigoureuse.

P.I : Avez-vous rencontré des obstacles en tant que femme dans ce secteur ? Si tel est le cas, lesquels et comment les avez-vous surmontés ?

G.M : Partant d’une expérience personnelle, la principale difficulté fut mon jeune âge durant mon parcours en agence. J’étais parfois entourée de collègues de l’âge de mon père, et dans la culture africaine, l’âge confère souvent une certaine autorité. Pour surmonter cet obstacle, j’ai dû affirmer mes positions et imposer mes principes.

P.I : Pensez-vous que les agences de communication offrent des opportunités d’évolution pour les femmes, et contribuent-elles à une valeur ajoutée spécifique dans ce secteur ?

G.M : Je suis partagée sur cette question. Dans ma première agence, la majorité des employés étaient des hommes et les femmes ne détenaient pas de postes décisionnels. Nous n’étions que deux. En revanche, dans ma seconde entreprise, la répartition était inversée, avec 70 % de femmes contre 30 % d’hommes, grâce à une direction qui reconnaissait la valeur ajoutée des femmes dans les agences de communication. Cette valeur réside dans une gestion optimale des affaires et du service à la clientèle, car les femmes possèdent souvent rigueur et un sens aigu des détails, des qualités essentielles dans ce métier.

P.I : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes désireuses de travailler dans une agence de communication ?

G.M : Il convient de s’informer continuellement. Les jeunes filles doivent se former régulièrement, rester à l’affût des dernières tendances et actualités, et travailler assidûment. Il est crucial d’être en mesure de proposer de nouvelles idées, car cette démarche porte ses fruits. Je conseillerais également de faire des stages, même non rémunérés, pour acquérir des compétences nécessaires à leur avenir professionnel. Les femmes doivent comprendre l’importance de sortir de leur zone de confort afin d’évoluer dans leur carrière .

Propos recueillis par Aggée CHUGA