Être femme médecin à Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, est un véritable défi. 

Dans ce secteur médical où la profession est encore largement dominée par les hommes, les obstacles sont nombreux et bien réels pour les femmes. L’accès aux grands hôpitaux ressemble souvent à un parcours du combattant. En effet, de nombreuses jeunes femmes diplômées peinent à décrocher un emploi dans des structures sanitaires souvent dominées par des hommes.

Mais même lorsque l’opportunité se présente, la situation ne s’améliore guère. Beaucoup de femmes médecins sont engagées dans des établissements de santé communément appelés “centres de santé”, où les conditions de travail sont difficiles. L’exploitation de leurs compétences professionnelles, sans reconnaissance ni rémunération adéquate, est fréquente.

Ces jeunes professionnelles se retrouvent souvent à travailler sans soutien et dans des environnements où leur expertise est sous-évaluée, nous explique le docteur Syntyche KIFUKIO, médecin généraliste évoluant à Kinshasa.

« Être une femme médecin à Kinshasa est une véritable épreuve. Il est déjà difficile, pour ne pas dire presque impossible, de décrocher un emploi dans les grands hôpitaux. Et même lorsque l’on parvient à être engagée, les conditions restent précaires : on te confie des responsabilités malgré ton expérience, mais tu es exploitée et ne reçois aucune rémunération équitable. Lorsqu’on postule, nos dossiers sont souvent déclinés sous prétexte que les femmes aiment se marier, avoir des enfants, et que les hôpitaux n’apprécient pas le « vide » que représente le congé de maternité. Il existe également un problème de harcèlement. Beaucoup de femmes subissent des comportements inappropriés, que ce soit de la part de leurs aînés ou de leurs collègues. C’est une réalité qui persiste », a-t-elle expliqué.

Le docteur Syntyche KIFUKIO a également souligné les préjugés dont elles font souvent face : « Les femmes rencontrent également beaucoup de préjugés. Beaucoup pensent que l’on nous facilite la tâche et que nous ne faisons pas les choses par nous-mêmes. Pourtant, pour s’imposer dans ce domaine, il faut fournir énormément d’efforts et de détermination», a-t-elle ajouté.

Notons que malgré toutes ces difficultés, leur résilience et leur engagement pour la profession restent une source d’inspiration pour les générations futures, prouvant qu’elles sont prêtes à tout surmonter et à s’imposer dans un monde de plus en plus tourné vers l’égalité des chances.

Germaine BAKAMBANA