En marge du mois de mars dédié aux droits des femmes, le commerce des pagnes, habituellement florissant à Kinshasa en cette période, connaît cette année 2025 une nette baisse. Les étalages du marché central “Zando” à Kinshasa où nous avons fait un tour, semblent moins fréquentés par les femmes acheteuses des pagnes.

Les vendeuses de pagnes avec qui nous avons échangé font état d’une baisse de vente de ces tissus, une situation qui, selon elles, est étroitement liée aux difficultés économiques, accentuées par la crise sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

Selon Anna, une vendeuse de pagnes au fameux marché Zando (elle a souhaité cacher son nom de famille ), le mois de mars 2025 est marqué par une baisse significative de ventes par rapport aux années précédentes :

« La plupart des commerçantes de pagnes n’ont pas vendu autant qu’avant, plusieurs Kinoises n’ont pas acheté de pagnes cette année. Tout dépend également du modèle et du rythme de vente de chacun, car certains sont des grossistes et arrivent à vendre des paquets entiers par jour, tandis que d’autres, comme moi, sont détaillants. Le plus grand défi que nous rencontrons en tant que détaillants est que certains grossistes vendent au même prix que nous », a-t-elle expliqué.

Anna a comparé ses ventes de l’année précédente avec celles de cette année et le résultat est que l’année 2024, avant la date du 8 mars, elle avait vendu jusqu’à 40 pièces par jour, tandis qu’en 2025, ses ventes se limitent à entre 7 et 10 pagnes par jour.

‹‹ L’année dernière, ma vente me permettait de réunir jusqu’à 100$ par jour, mais cette année, je me limite à 50$ par jour », a-t-elle regretté.

Une autre commerçante a également partagé son point de vue sur cette situation. Mamy Sylvie NGAMBU, c’est son nom, estime que par compassion pour les victimes de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, plusieurs femmes n’ont pas le cœur à acheter des pagnes et à célébrer la Journée du 8 mars.

« Pour moi, une personne qui aura la fierté de se vêtir en pagne cette année pour le 8 mars est inhumaine . Si l’on devait porter le pagne, je pense qu’il faudrait que ce soit un pagne noir ou blanc en mémoire des victimes de la guerre. Mais même ces pagnes blancs et noirs, nous n’avons pas pu les vendre, car plusieurs personnes traversent des moments de crise financière à Kinshasa », explique-t-elle.

Elle a aussi comparé son rythme de vente de cette année à celui de l’année passée : «Cette année, je ne vends pas plus de 10 pièces demi-hollandais par jour, alors que l’année dernière, je parvenais à vendre entre 15 et 20 pièces par jour », a déclaré Mamy Sylvie NGAMBU.

Cette dernière  a également remarqué qu’au niveau du couloir où elle vend, les femmes qui les remplissaient en cette période de célébration ne sont plus là. Certaines se faisaient coiffer, d’autres prenaient soin de leurs ongles. Mais ce n’est plus le cas cette année 2025, selon ses propos.

Mamy Sylvie NGAMBU a également adressé un message aux femmes en rapport avec la Journée internationale des Droits des femmes :

« Le 8 mars n’est pas synonyme de porter un pagne, de fêter dans les terrasses, de consommer de la bière et de danser… Pour moi, cette journée doit retrouver sa vraie signification. La femme doit réfléchir, récupérer ses valeurs. En ce jour, elle doit plutôt se poser les bonnes questions : pourquoi vit-elle ? Pourquoi Dieu l’a-t-elle envoyé sur terre ? Quel est son rôle pour réussir sa vie et être épanouie ? », a-t-elle conseillé.

Pour conclure, au vu de l’amour qu’elle a pour sa nation, la République Démocratique du Congo, Mamy Sylvie NGAMBU a appelé les femmes à se lever et prier pour le pays, particulièrement en ce mois de mars dédié à la femme, afin de jouer un rôle important dans la crise sécuritaire que connaît la RDC.

Divine LUKOMBO