Selon un document de travail de la Cour suprême américaine qui a fait l’objet d’une fuite récemment, les États Unis se préparent à remettre en question le droit à l’avortement. Ce projet de loi veut revenir sur la décision de la Cour suprême de 1973 connue sous le nom de « Roe vs Wade« , qui empêche actuellement les États-Unis d’Amérique d’interdire l’avortement.
Si ce document est voté en juin ou en juillet, l’abrogation de Roe vs Wade sera la consécration d’une campagne soigneusement orchestrée pendant plusieurs dizaines d’années par les conservateurs américains afin de restreindre le droit à la contraception et à l’avortement.
C’est également mauvais signe pour l’Afrique selon certains analystes :
‹‹ Nous sommes malheureusement tout à fait conscients des effets pernicieux que peuvent avoir les décisions américaines sur les droits des femmes à disposer de leur corps au-delà des frontières américaines ››, a dit Kylie Harrison, directrice de la communication d’une ONG de reproduction.
Cette organisation, présente dans une vingtaine de pays, fournit des contraceptifs et aide les femmes à avorter dans de bonnes conditions. Kylie Harrison n’est pas la seule à penser que cette charge contre l’avortement aux États-Unis va inciter les groupes antiavortement à s’étendre à l’échelle internationale notamment en Afrique.
Elle se base sur le fait que les présidents américains républicains ont créé la global gag rule [« règle du bâillon »] et fait du bâillonnement des associations internationales une spécificité de leurs administrations depuis 1984. Cette règle interdit le financement public d’organisations étrangères qui réalisent des avortements ou qui font la promotion de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) à l’étranger, même si ces associations sont financées par d’autres mécènes.
Notons que l’abrogation de Roe vs Wade ne changera pas la politique extérieure américaine officielle. Toutes fois, elle mettra fin à un projet de loi soumis en ce moment au Congrès, qui vise à empêcher de manière permanente les États-Unis d’imposer des conditions, par exemple la règle du bâillon, à l’aide financière accordée aux autres pays.
Nathan Diamwete