Kinshasa : louer une maison sans être mariée, un choix qui divise

Selon de nombreuses traditions africaines et particulièrement congolaises, une femme ne devrait quitter le domicile parental que lorsqu’elle est légalement mariée. Partir vivre seule avant le mariage est souvent vu comme un affront à l’honneur familial ou un signe de libertinage.

Mais face à l’évolution des mœurs, à l’émancipation féminine, et à l’indépendance économique croissante des femmes, de plus en plus de Kinoises louent leur propre maison, qu’elles soient étudiantes, travailleuses ou entrepreneures… sans être mariées. Alors, est-ce une atteinte à la tradition ou une avancée vers l’autonomie ? Nous avons recueilli plusieurs témoignages de femmes dans les rues de Kinshasa.

Thérèse BUKASA, journaliste : “Quitter la maison familiale, c’est aussi se préparer à la vie”

« Une femme pas encore mariée a tout à fait le droit de quitter le toit parental et de louer sa propre maison, surtout si elle en a les moyens. Cela représente une étape importante vers son indépendance. Elle apprend à se gérer, à prendre des décisions, à se responsabiliser. Ce n’est pas une rébellion, c’est un apprentissage. Les normes sociales évoluent, et les femmes aussi. »

Emeryanne MWANGA, nutritionniste : “Tout est question de valeurs”

« Sur le principe, oui, une femme célibataire peut vivre seule. Mais dans notre culture africaine, c’est mal perçu. On pense que seule une femme mariée peut quitter la maison familiale. Pour certains, c’est un signe de dépravation. Personnellement, je pense que ce n’est pas le lieu qui fait la personne, mais les valeurs. Une fille peut rester chez ses parents et mal se comporter, tout comme elle peut vivre seule et être droite. »

Merry KAPULA, journaliste et entrepreneure : “Une femme légitime est celle dont la famille a reçu la dot”

« Nous avons des valeurs africaines à respecter. La Bible elle-même encourage la femme à quitter ses parents une fois qu’il y a eu mariage. Personnellement, je ne quitterai la maison que lorsque mon mariage sera officiel, avec toutes les étapes respectées, y compris la dot. Sinon, cela ouvre la voie à la dépravation des mœurs. »

Tabitha BOMPETE, commerçante : “Tout dépend des familles et des situations”

« Il y a des familles qui acceptent cela pour permettre à leur fille d’être plus autonome ou discrète. D’autres, non. Moi, je ne le ferais pas tant que je suis à Kinshasa, car je suis bien chez mes parents. Mais si je suis dans un autre pays ou une autre ville, loin de la famille, pourquoi pas ? »

Témoignages de Lingwala : “Pas de problème, sauf pour la sécurité”

Deux jeunes femmes rencontrées dans la commune de Lingwala estiment qu’il n’y a aucun mal à ce qu’une femme célibataire vive seule, tant qu’elle en a les moyens. Leur seule crainte ? Les questions de sécurité, notamment le risque d’intrusions ou d’agressions nocturnes.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Louer sa maison avant le mariage : acte d’émancipation ou rupture avec la tradition ? Le débat est lancé.

Dave NGONDE

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